LA CHUTE D’UN CAÏD
Des éléments de preuves inédits lèvent le voile sur les derniers mois de liberté de Raynald Desjardins, qui connaîtra bientôt sa sentence pour avoir comploté l’assassinat d’un aspirant-parrain de la mafia montréalaise.
Raynald Desjardins s’est reconnu coupable l’an dernier d’avoir comploté le meurtre d’un aspirant parrain de la mafia montréalaise. Il devrait connaître sa sentence en décembre pour cet assassinat commis en 2011. En lutte pour en obtenir le contrôle avec ses alliés, le seul Québécois «pure laine» dans les hautes sphères du crime organisé italien était déjà à l’époque dans la mire des policiers, qui épiaient ses textos cryptés. Des éléments de preuve inédits obtenus par Le Journal et l’Agence QMI lèvent l’omerta sur les derniers mois de liberté du caïd de Laval, alors qu’il se sentait traqué tant par les policiers que par ses ennemis.
«Ils ne comprennent pas que je suis Canadien français, crisse! Pis même si tu me donnerais une carte de membre du crime organisé, j’en voudrais pas, tabarnac! Je la retournerais comme une carte de crédit, câlisse!»
Au téléphone avec une amie à l’automne 2011, Raynald Desjardins se moque d’articles de journaux qui le décrivent comme l’un des «aspirants parrains» de la mafia montréalaise.
Il rappelle en riant que ses origines l’écarteraient d’un trône réservé aux Italiens.
Mais le caïd de 59 ans – que ses subalternes surnomment «le vieux» (Old) lorsqu’ils communiquent entre eux, sans toutefois oser l’appeler ainsi en personne – se doute bien qu’il est dans le collimateur de la police.
Il est convaincu que les lignes téléphoniques de sa résidence cossue de Laval – située au bord de la rivière des Prairies, munie d’un ascenseur et équipée de 16 caméras de surveillance – ont été mises sur écoute électronique par les policiers. Tout comme celles du bureau de son entreprise de construction, à Anjou.
Il envoie donc un message aux enquêteurs avec ses propos disculpatoires pimentés de jurons.
hautement influent
La police ne l’a pas à l’oeil pour rien à cette époque. Desjardins est le seul «Canadien français» hautement influent au sein de la mafia montréalaise.
Pendant ce temps, son ancien patron et voisin, Vito Rizzuto, est toujours incarcéré aux États-Unis pour sa participation à trois meurtres.
Le règne de plus de 20 ans du parrain, dont le clan a été décimé par une série de meurtres qui ont emporté son fils Nick Jr. et son père Nicolo, est menacé.
« mon ti-loup »
En 2011, Desjardins mène une vie de big shot. Tel un homme d’État, il ne se déplace jamais sans gardes du corps, dont son neveu Hugo, qui le surnomme parfois «oncle Picsou».
L’ex-serveur de cabaret semble filer le parfait bonheur avec Vicky, sa com-
« J’espère que tout va bien, mon ami. Fais attention à toi et soigne bien les maux de tête que les Flics te donnent » – Message de Montagna à Desjardins, deux mois avant d’être abattu