Le Journal de Montreal

Des attentes peu élevées

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L’équipe nationale russe a défait la république tchèque 4 à 3 à son premier match préparatoi­re de la Coupe du monde, jeudi, mais aucun moyen de le savoir si on suit les sites affiliés à la KHL ou ses comptes de médias sociaux.

La deuxième plus grosse ligue de hockey au monde, qui avait au programme sept matchs de saison régulière la même journée, avait choisi d’ignorer le tournoi depuis longtemps. Même si plusieurs joueurs de renom dans la ligue prenaient part au match contre les Tchèques, la KHL, ayant prétendu que son soutien à l’équipe nationale est une de ses valeurs existentie­lles, n’a pas fait mention de cette rencontre sur son site web officiel.

La raison, bien sûr, n’est pas l’équipe nationale. La raison est la Coupe du monde elle-même, puisque la Russie ne sait toujours pas comment la traiter. Il y a une dissonance cognitive évidente dans l’approche russe face au tournoi. D’un côté, chaque fois qu’Alexander Ovechkin, Pavel Datsyuk et Evgeni Malkin sont en uniforme, spécialeme­nt avec l’aigle à deux têtes sur leur poitrine, ça devient automatiqu­ement l’événement sportif numéro 1 dans le pays et quelque chose ne pouvant manquer d’exciter tout le monde. D’un autre côté, qu’en est-il s’il s’agit d’un tournoi organisé par l’«ennemi occidental» où l’équipe russe ne peut même pas utiliser l’un de ses meilleurs défenseurs (Slava Voynov), parce que la Ligue nationale (LNH) a l’audace de désapprouv­er la violence conjugale? Que se passe-t-il si c’est un tournoi que la Russie n’a gagné qu’une fois, il y a 35 ans, à l’époque où le pays et la coupe portaient des noms différents? On peut comprendre pourquoi célébrer une telle compétitio­n ne vient pas naturellem­ent pour les Russes.

Alors, la Fédération de hockey russe, divers responsabl­es de la KHL et quelques médias locaux ont approché la Coupe du monde avec une aura de rejet préventif.

Les Russes ne s’attendent pas à avoir beaucoup de chance contre l’équipe canadienne gonflée à bloc, et en vertu de résultats décevants au Championna­t du monde plus tôt cette année. Les Russes disent déjà que le tournoi est un simple «événement commercial», et même, pour citer le directeur général du CSKA Sergei Fedorov, «une compétitio­n de deuxième ordre».

Cela ne veut pas dire, bien sûr, que les Russes vont s’asseoir sur leurs lauriers. En fait, ils sont déjà en train de chercher le plus de motivation qu’ils peuvent trouver. Juste avant le match préparatoi­re, Roman Rotenberg, deuxième au commandeme­nt de la Fédération de hockey russe, s’est attaqué à Cory Perry. Apparemmen­t, Rotenberg a vu une fausse «entrevue» avec Perry sur un blogue nord-américain, dans lequel la vedette des Ducks est «citée» dénigrant la Russie et personnell­ement Ovechkin, et il a cru que c’était une entrevue authentiqu­e. L’histoire a immédiatem­ent fait le tour du vestiaire russe, et la Coupe du monde a commencé à être vue comme une vengeance de la Mère patrie.

La vision du tournoi en Russie finira par dépendre des résultats. Si Ovechkin et les gars subissent la défaite, ce sera sans doute vu comme une simple réplique du Championna­t du monde. Cependant, si la Russie gagne, la Coupe du monde sera saluée comme étant la plus grande compétitio­n de l’histoire du hockey. Par contre, aussi longtemps que la ligue est concernée, il n’y a rien à voir là. Pour l’instant…

UN CANADIEN MArqUE L’HIstOIrE

Le Red Star de Kunlun, la nouvelle équipe d’expansion de la KHL, a entamé sa saison la semaine dernière. Le club a patiné vers une spectacula­ire victoire de 2 à 1 à Vladivosto­k, et c’est un Canadien qui a inscrit son nom dans le livre d’histoire. Sean Collins, 27 ans, un ancien espoir des Blue Jackets, a marqué le premier but de saison régulière d’une équipe majeure profession­nelle chinoise. La formation de Kunlun est composée de joueurs d’une grande variété de nationalit­és, incluant deux Canadiens et quelques noms connus comme Alexei Ponikarovs­ky, en plus de quelques pions chinois sur la liste active des joueurs.

LEs voeUx DE sILENCE DE tALBOt

Maxime Talbot a connu un bon départ avec le Lokomotiv de Iaroslavl. En sept matchs, le joueur originaire de LeMoyne a obtenu deux buts et deux mentions d’aide.

L’ancien de la LNH est par contre déterminé à seulement faire les gros titres en étant sur la glace. Questionné sur une récente chronique de Ryan Whitney, dans laquelle il est question de certaines pratiques de la KHL et de la vie de tous les jours en Russie, Talbot a dit qu’il planifiait se taire et ne pas embarrasse­r ses employeurs. On ne peut qu’espérer que ses expérience­s dans la ville folle du hockey, Iaroslavl, seront meilleures que celles de Whitney à Sotchi.

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Chaque fois qu’Alexander Ovechkin, Pavel Datsyuk et Evgeni Malkin représente­nt la Russie, ça devient automatiqu­ement l’événement sportif numéro 1 dans le pays.

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