Le Journal de Montreal

L’enfer est pavé de bonnes intentions

- Richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Justin Trudeau me tape sur les nerfs.

Je sais, ce n’est pas une belle façon de commencer une chronique, je devrais être moins aigre et plus respectueu­x, mais c’est la réalité.

Justin Trudeau me tape sur le gros nerf.

CHEF SCOUT

C’est sa façon de parler.

Sirupeuse, doucereuse, mielleuse.

Comme s’il était chef scout ou éducateur en garderie.

Vous savez, ce ton moralisate­ur? Cette vision gnangnan du monde? Comme s’il portait une salopette jaune et qu’il s’adressait à des enfants de 8 ans?

Ce chapelet de mots creux, de phrases vides, d’expression­s usées à la corde?

Cette certitude d’être dans le droit chemin, de se situer du «bon côté de l’histoire», pour reprendre les mots de Rex Murphy, du National Post? Pas capable. Le discours que notre premier ministre a récemment prononcé à l’ONU était en ce sens un véritable chefd’oeuvre. L’art de parler pour ne rien dire. Une litanie de clichés et de bonnes intentions.

«Diversité», «ouverture», «tolérance»…

Tout cela est bien beau. C’est joli, ça sent la rose, la lavande.

Je suis sûr que même les représenta­nts de l’Iran et de l’Arabie saoudite avaient la larme à l’oeil en écoutant notre premier ministre entonner avec fougue Kumbaya.

Mais dans la réalité concrète où nous vivons, ce monde abrupt et violent dénué de dragons et de licornes, qu’est-ce que ces mots veulent dire, au juste? Ouverture à tout? Tolérance pour tout?

LA DURE RÉALITÉ

Harper était trop rigide, Trudeau est trop mou.

Analysez chaque mot prononcé par Justin Trudeau devant l’ONU et vous vous retrouvere­z avec… rien. De l’air. Des bulles. Cette semaine, un demandeur d’asile syrien de 16 ans a été neutralisé alors qu’il s’apprêtait à commettre un acte terroriste d’envergure à Cologne, en Allemagne.

La ville même où des jeunes d’origine maghrébine ont agressé sexuelleme­nt des milliers de femmes la veille du jour de l’An.

Le jeune islamiste a été arrêté juste à temps.

Il allait frapper le pays qui l’a accueilli, qui lui a généreusem­ent ouvert les bras, qui a délié les cordons de sa bourse pour lui permettre de fuir la violence, la guerre, la mort. Que dit Justin Trudeau là-dessus? Rien. Pour lui, cette réalité n’existe pas. Le monde est joli, gentil, rose nanane sucé longtemps.

Faut-il accueillir les victimes de la guerre civile en Syrie? Bien sûr que oui.

Faut-il fermer nos frontières? Bien sûr que non.

Mais de là à dire que TOUS les réfugiés syriens sont de bonne foi et qu’AUCUN terroriste ne s’est glissé dans leurs rangs, il y a une marge.

La confiance naïve est comme la méfiance paranoïaqu­e.

Passé un certain point, les extrêmes se rejoignent et sont aussi cons l’un que l’autre.

BISCUITS CHINOIS

Autant Harper était trop rigide, autant Trudeau est trop mou. On est passé d’un extrême à l’autre. La différence, c’est que, dans le cas de Harper, les journalist­es de RadioCanad­a se montraient intraitabl­es, alors que dans le cas de Trudeau, ils se montrent hyper complaisan­ts.

Justin Trudeau se prend pour Nelson Mandela ou Abraham Lincoln.

Mais dans le fond, il est aussi profond que le gars qui écrit les «perles de sagesse» dans les biscuits chinois.

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