Un tueur reste détenu à Pinel
L’homme qui a poignardé son ami de 132 coups de couteau n’est pas prêt à sortir
La soeur d’un homme tué de 132 coups de couteau par son «ami» est soulagée d’apprendre que le meurtrier passera la prochaine année détenu dans un hôpital psychiatrique.
«Vous me soulagez. Qu’il puisse recevoir des soins, c’est tout ce que je souhaite», a laissé tomber Christine Doré, fébrile, au bout du fil la semaine dernière.
Le Journal venait de l’informer que l’homme de 22 ans qui a tué son frère Jean-Benoît Doré restera à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal au moins jusqu’en septembre 2017.
Bien qu’il ait fait des progrès depuis son admission à l’hôpital psychiatrique, il y a six mois, Onur Yilmaz ne pourra pas encore en sortir, a tranché la Commission d’examen des troubles mentaux (CETM), jeudi.
«Votre délit est assez grave et vous n’avez pas de médication. Il est nécessaire que vous soyez observé de près», a noté la Commission composée d’une avocate, d’un psychologue et d’un psychiatre.
« PAS PRÊT »
Même s’il ne ressent plus les symptômes du trouble psychotique qui l’a amené à tuer, Yilmaz était d’accord avec la décision. «Si vous me dites que je vais sortir dans quelques mois, je ne serais pas prêt», a-t-il affirmé en français avec un fort accent.
Onur Yilmaz a été déclaré non criminellement responsable du meurtre prémédité de M. Doré, en juin dernier, au palais de justice de Montréal.
En avril 2015, le jeune homme a sauvagement poignardé le quinquagénaire dans sa résidence de Montréal-Nord.
Le prenant pour le fils de Satan, il le croyait à l’origine des voix dans sa tête.
«J’ai fait ça parce que je pensais que le malaise dans mon corps allait disparaître», a expliqué le meurtrier lors de l’audience de la CETM.
Il a été arrêté sur les lieux du crime, où il a passé plusieurs heures avant qu’un proche inquiet d’être sans nouvelles de la victime ne fasse la macabre découverte.
PÈRE MEURTRIER
Originaire de Turquie, le jeune Yilmaz a immigré au Canada en 2011 avec sa soeur et son frère cadets, deux ans après que leur père eut assassiné leur mère dans un contexte de séparation. D’abord parrainés par un oncle, ils ont vite dû se débrouiller seuls.
Dans les mois qui ont précédé le drame, Yilmaz était angoissé et ne se sentait plus apte à s’occuper de sa famille. Il consommait de la cocaïne et du cannabis.
Jean-Benoît Doré et sa soeur Christine avaient alors pris la fratrie sous leur aile. Un élan de compassion qui aura été fatal à M. Doré et qui laisse un grand vide dans la vie de sa soeur.
«C’est une tragédie qui va toujours rester là. Même si j’ai encore beaucoup d’attachement pour Onur et sa famille, il y aura toujours un fantôme qui planera entre nous», a-t-elle souligné, la voix coupée par l’émotion.