Des prix d’IGA ont déjà remonté après cinq mois
La chaîne d’alimentation assure malgré tout qu’elle a conservé la même stratégie
À peine cinq mois après l’annonce en grande pompe de la baisse «définitive» de milliers de prix dans ses magasins, IGA a déjà commencé à remonter le prix de certains articles.
«La grande majorité des prix ont dû être augmentés», a confirmé Marie-Noëlle Cano, porte-parole de Sobey’s, propriétaire des magasins IGA.
La chaîne d’alimentation explique cette hausse par une augmentation des prix du côté des fournisseurs de produits.
«Quand le marché bouge, nous devons bouger aussi. Nous ne pouvons pas absorber les hausses éternellement», a dit Mme Cano.
Cette dernière précise par ailleurs que l’augmentation des prix ne change en rien la stratégie adoptée par IGA, qui est de «faire baisser le prix du panier moyen».
«C’est tout un changement de culture que nous avons entrepris, a poursuivi la porte-parole. Nous avons simplifié nos pratiques pour offrir le meilleur prix possible pour une bannière de service, en plus de proposer une grande variété de produits. Notre objectif est de vendre à un prix de 8 à 10 % plus cher que les bannières à escompte [Maxi et Super C].»
Le Journal avait compilé les coûts de quelque 350 articles le 7 avril 2016, date de l’entrée en vigueur de la fameuse campagne de la «GIGA baisse de prix».
«On s’était engagés à ne pas hausser les prix pour trois mois», soutient Mme Cano.
PRODUITS COMMUNS
Sauf que lors de l’annonce, IGA avait dit que la «baisse de milliers de prix courants [était] là pour rester et [était] définitive». Une information qui se retrouve d’ailleurs toujours sur le site de l’entreprise.
Le Journal est donc retourné dans le magasin les 23 et 25 août derniers pour vérifier le prix des 350 articles répertoriés.
Sur le lot, le prix de près d’une quarantaine d’articles a augmenté depuis l’annonce.
Il s’agit en majorité d’articles de tous les jours comme des fruits en conserve, du jus d’orange, de la purée de pommes ou du papier hygiénique (voir tableau).
Des produits sont même encore offerts en magasin avec l’étiquette «GIGA bas prix» tandis qu’ils sont plus chers qu’en avril.
Le Journal a contacté les fournisseurs des 40 produits pour lesquels une hausse de prix a été observée lors de notre analyse, afin de connaître les raisons de ces récentes augmentations. Seul un petit nombre d’entre eux ont accepté de répondre.
Ces derniers ont confirmé que le prix que payait IGA pour leurs produits avait en effet augmenté depuis peu, notamment à cause d’une hausse du coût des matières premières.
«Il est encore tôt pour savoir si cette remontée des prix en magasin a eu un impact sur nos ventes, mais on suit de près les résultats. C’est tout de même une importante promotion qui a été lancée par IGA en avril dernier [et qui devait faire augmenter les ventes]», souligne Diane Jubinville, d’Aliments Altima, qui produit notamment les yogourts Olympic.
IGA DOIT ASSUMER
François Desrosiers, président d’Interim marketing et expert du secteur alimentaire, ne croit toutefois pas que la chaîne de supermarchés puisse rejeter la faute sur les fournisseurs pour justifier la hausse de prix.
«Si tu demandes à tes fournisseurs de faire un petit effort, c’est inévitable qu’ils vont se reprendre lorsque les prix des matières premières vont augmenter», soutient M. Desrosiers.
«Mais les clients s’en foutent, des fournisseurs, c’est chez IGA qu’ils vont faire leur épicerie, poursuit-il. C’est donc elle qui doit assumer l’impact des changements dans le marché, ce qui n’a pas été fait.»