Victimes consentantes
Dans un article intitulé «Bière amère», Le Pigeon dissident, le journal des étudiants en droit de l’Université de Montréal, révélait que l’initiation 2016 comportait encore son lot d’activités à caractère sexuel, de slogans et de chants dégradants.
Je ne suis pas dupe ni choquée: cela se passe partout depuis toujours. Sauf qu’autrefois il y avait moins de femmes dans les universités pour assister à ces rites d’automne et y participer.
UN GARS C’T’UN GARS
Que des jeunes hommes, à peine sortis de l’adolescence, avec la testostérone dans le tapis, le bon goût dans les poubelles et le respect des femmes oublié au vestiaire d’un bar de danseuses, organisent des fêtes d’initiation salaces ne me surprend pas.
Ces Cro-Magnon modernes regardent de la porno sur internet depuis l’âge de 10, 11 ans. Ils habitent un monde où la sexualité n’est plus qu’un divertissement. La vie de rêve, c’est faire le party, en
chest, dans un beach club avec des bimbettes à boules.
Ils ont vu ces vidéos de spring breaks américains, où les filles, en échange d’une bière, lèvent leur chandail pour la caméra. Ils savent que ça existe. Pourquoi s’en passer?
Sermonner ces jeunes universitaires, leur dire que ces choses-là ne se font plus parce qu’on est en 2016 n’y changera pas grand-chose: ils ajouteront la levée du doigt d’honneur à leur répertoire d’insultes pour les emmerdeurs que sont les parents, les autorités et les féministes, ennemies du plaisir.
En anglais, on dit: «Boys will be boys.»
Jusqu’au jour où les femmes débarquent dans leur vie, mission civilisatrice en poche.
UNE FILLE C’T’UNE FILLE
Dans l’article du Pigeon dissident, une étudiante de deuxième année raconte que les filles ressentaient de la pression pour enlever chandail et pantalon: «C’est juste que tu te sens presque obligée de le faire pour faire partie de la gang. Sinon, elles ont moins de chances de remporter des coupes à la fin, le but du jeu.
Presque obligée de le faire? Bien sûr, toutes ne disent pas oui, mais à ces étudiants(tes) en droit qui ne voient dans ces jeux qu’une activité sans malice, une affaire de gang, je dis ceci: Vous avez choisi de pratiquer le droit. Une profession noble. Exigeante non seulement au niveau des neurones, mais aussi de la moralité.
La meilleure façon de mettre fin à des comportements qui vous rebutent, chères étudiantes, c’est de dire non. De ne pas participer. Ils riront de vous? Ils vous traiteront de matantes? Et puis après?
Vous aurez bientôt à vous tenir debout devant des juges aguerris, à vous mesurer à des avocats aux dents longues comme ça (peut-être d’ex-camarades de classe qui auront un drôle de souvenir de vous...). Mieux vaut apprendre tout de suite à défendre vos principes et vos convictions: votre vie professionnelle ne sera que cela.
UNE FILLE, C’EST PAS UN GARS
À moins, bien entendu, que vous ayez déjà avalé le Kool Aid de l’égalitarisme sexuel. Comme le soulignait une étudiante de première année qui n’a pas flairé d’hypersexualisation dans l’initiation en question: «On peut même le voir comme un mouvement “libérateur”, pour montrer que les filles peuvent être à la fois wild et studieuses, mais bon c’est peut-être un peu poussé.»
En effet, c’est très poussé.