Les enquêteurs du palais de justice sont débordés
Ils sont présentement deux à s’occuper de tous les dossiers de la province
Avec l’ajout d’arches de sécurité, les arrestations ont grimpé en flèche au palais de justice de Montréal depuis le début de l’été, à tel point que les deux seuls enquêteurs de la sécurité publique disent ne plus suffire à la tâche.
«Le citron est pressé, il n’y a plus de jus», affirme sans détour Franck Perales, président du syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec.
Depuis 2015, il n’y a plus d’enquêteurs à Montréal, qui est pourtant le deuxième palais de justice le plus achalandé d’Amérique du Nord. Pour chaque arrestation, les informations sont transmises à Québec, qui doit s’occuper des affaires de la province en entier.
Et ce, même s’il y a eu plus de dossiers d’enquête à Montréal en 2016 (167) que dans tout le reste de la province réunie (130).
«Le ministère de la Sécurité publique (MSP) a décidé de centraliser les activités liées aux enquêtes dans les palais de justice, car celles-ci répondent aux besoins opérationnels», explique une porte-parole du ministère.
Selon les chiffres officiels, environ 500 dossiers sont ouverts chaque année dans toute la province.
HAUSSE À PRÉVOIR
Mais depuis le 27 juin, tous les visiteurs du palais de justice à Montréal doivent passer à travers des portiques de sécurité installés au coût de 6 millions $. Et cela a fait grimper en flèche le nombre d’enquêtes.
En deux mois, il y a eu 87 arrestations principalement pour possession de drogue ou d’armes prohibées. C’est presque autant que les 96 arrestations effectuées de janvier à juin, où l’activité judiciaire est pourtant bien plus intense.
Et sur ces 87 interpellations, deux seulement ont été déposées, selon les derniers chiffres officiels datant de la miaoût. Quelques autres personnes ont été accusées depuis.
VOLUME QUINTUPLÉ
«Le bureau des enquêtes est à bout de souffle, on reçoit des cris d’alarme, il n’y arrive pas, dit M. Perales. Ils sont deux à tenir le fort, car une troisième est en congé de maternité. À ce rythme, on va frapper un mur.»
Il explique que les enquêteurs en poste ont vu leur charge de travail multipliée par cinq depuis 2012. Ses demandes d’embauche de deux ou trois enquêteurs supplémentaires semblent toutefois rester lettre morte.
«À l’heure actuelle, le MSP considère que le nombre de constables spéciaux affectés aux enquêtes répond aux besoins actuels», explique une porte-parole.
À quelques jours de la rentrée judiciaire, le ministère a toutefois précisé qu’il «évalue constamment ses besoins».