Un vrai débat, enfin !
Avouez-le: quand vous filez sur la route et que vous croisez un véhicule accidenté, vous ralentissez pour contempler le spectacle.
Y a-t-il des morts? Des blessés? Des ambulanciers sont-ils arrivés sur les lieux? Les dommages sont-ils graves?
Hier, nous avons tous agi comme des automobilistes.
Nous avons regardé le débat Trump-Clinton pour voir l’ampleur des dégâts.
The Donald va-t-il prendre le champ? Hillary va-t-elle s’endormir au volant?
Lequel des deux va déraper le premier?
Oubliez la politique. Hillary et Donald qui se renvoient la balle et croisent le fer, «That’s Entertainment!»
Il n’y a pas de meilleur divertissement en ville.
OÙ ÉTAIENT LES DANSEUSES NUES ?
Première surprise: il n’y a pas eu d’accident sur le bord de la route. Nous avons eu un débat, un vrai.
Pas un cirque, ni un freakshow, ni un spectacle de vaudeville avec des nains, des acrobates unijambistes et des danseuses topless, mais un vrai débat d’idées.
Hillary Clinton avait l’air en pleine forme, et Donald Trump a laissé son costume de clown au vestiaire. Pour une des rares fois lors de cette interminable campagne, les arguments ont pris le dessus sur les personnalités.
Alors qu’au Québec, les trois principaux partis compétitionnent pour savoir lequel se situe le plus au centre («Les Québécois sont des extrémistes du centre», comme l’écrit Jean-Marc Léger dans son livre Le code Québec), nous avons eu droit à un vrai discours de droite et un vrai discours de gauche.
Un républicain qui s’assume versus une démocrate qui s’assume.
Trump veut diminuer les impôts pour attirer les entreprises et les garder aux États-Unis, Hillary veut les augmenter pour financer l’aide aux petites entreprises et l’éducation.
Trump veut couper dans les réglementations pour permettre aux entreprises de mieux respirer, Hillary veut les renforcer pour mieux lutter contre les changements climatiques.
Trump veut aider l’industrie pétrochimique qui tire le diable par la queue en disant que nous avons encore besoin du pétrole qu’on le veuille ou pas, Hillary mise sur les énergies nouvelles.
Vu du Québec, ce clash idéologique «net, frette, sec» semble exotique.
LE « VOTE SILENCIEUX »
Soyons clair: au terme de ce débat passionnant, aucun fan de Hillary ne votera Trump, et aucun fan de Trump ne votera Hillary.
Les différences entre les deux adversaires sont beaucoup trop grandes…
Mais certains républicains qui ont tourné leur dos à Trump au cours des dernières semaines retourneront peut-être au bercail, en se disant que l’homme aux cheveux orange est peut-être plus «présidentiel» qu’ils ne le pensaient.
Les sondages placent Trump et Clinton nez à nez. Mais ne sous-estimons pas le «vote silencieux».
Tout comme les gens qui mangent des pizzas pockets ne le crient pas haut et fort, les gens qui aiment le discours de Donald Trump ne s’en vantent pas. Ils ont peur d’être jugés. «It ain’t over til the fat lady sings», disait Yogi Berra.
Eh bien, la grosse va chanter le 8 novembre. D’ici là, tout est possible.
Mais hier, les deux candidats sont — enfin! —sortis de la piscine de Jell-O pour confronter des idées.
Démocratie 1, Showbizz 0.