Un « climat de peur » déclenché par les propos de Djemila Benhabib
Elle a comparé l’enseignement d’une école à de l’endoctrinement digne d’un camp militaire
Les propos de l’auteure Djemila Benhabib au sujet des Écoles musulmanes de Montréal auraient déclenché un «climat de peur», a témoigné hier le président du conseil d’administration de l’établissement.
«L’école était dans un état de panique. Les élèves étaient furieux, il y en avait même qui pleuraient. On leur disait qu’ils étaient des futurs terroristes ou intégristes», a insisté Ahmed Khebir, président du conseil d’administration des Écoles musulmanes de Montréal, devant la Cour supérieure.
Le procès en diffamation de la militante pour la laïcité et ex-candidate du Parti québécois s’est ouvert hier à Montréal.
MESURES DE SÉCURITÉ
Les Écoles musulmanes de Montréal reprochent à Mme Benhabib d’avoir comparé l’enseignement offert à «de l’endoctrinement digne d’un camp militaire en Afghanistan ou au Pakistan», au cours d’une entrevue au micro de l’animateur Benoît Dutrizac en février 2012.
«Cette entrevue nous a fait prendre des mesures de sécurité dont nous n’avions pas besoin avant. [Ses propos] ont déclenché un climat de peur à l’école», a insisté M. Khebir, au cours de son contre-interrogatoire qui s’est tenu en fin d’après-midi.
Les Écoles musulmanes de Montréal offrent de l’enseignement secondaire et primaire, accrédité par le ministère de l’Éducation. Trois heures par semaine sont allouées à la langue arabe, à la mémorisation du Coran ainsi qu’à l’éthique islamique, a expliqué M. Khebir.
RÉPUTATION TERNIE
Selon lui, les écoles jouissaient d’une excellente réputation auprès de la communauté musulmane avant l’entrevue de Mme Benhabib.
Une réputation qui aurait été ternie par ses propos, à tel point que d’anciens élèves auraient retiré le nom de l’école de leur curriculum vitae. Selon M. Kebir, Mme Benhabib est aussi responsable de la diminution du nombre d’inscriptions les années suivant ces propos tenus au 98,5 fm.
L’avocat de Djemila Benhabib, Marc-André Nadon, a signalé que les Écoles musulmanes de Montréal ont fait les manchettes plus d’une fois alors que seule sa cliente a été poursuivie.
Me Nadon a aussi voulu démontrer que les importantes mesures de sécurité dont parlait M. Khebir ont été prises trois ans après les faits, à la suite d’un acte de vandalisme à l’école survenu à peine un mois après l’attentat contre Charlie Hebdo en France.
Le procès doit s’étendre sur cinq jours. Djemila Benhabib devrait témoigner mercredi ou jeudi.