Le Journal de Montreal

Un « climat de peur » déclenché par les propos de Djemila Benhabib

Elle a comparé l’enseigneme­nt d’une école à de l’endoctrine­ment digne d’un camp militaire

- Marie-Ève Dumont MEDumontJD­M marie-eve.dumont @quebecorme­dia.com 514.599.5888 8033

Les propos de l’auteure Djemila Benhabib au sujet des Écoles musulmanes de Montréal auraient déclenché un «climat de peur», a témoigné hier le président du conseil d’administra­tion de l’établissem­ent.

«L’école était dans un état de panique. Les élèves étaient furieux, il y en avait même qui pleuraient. On leur disait qu’ils étaient des futurs terroriste­s ou intégriste­s», a insisté Ahmed Khebir, président du conseil d’administra­tion des Écoles musulmanes de Montréal, devant la Cour supérieure.

Le procès en diffamatio­n de la militante pour la laïcité et ex-candidate du Parti québécois s’est ouvert hier à Montréal.

MESURES DE SÉCURITÉ

Les Écoles musulmanes de Montréal reprochent à Mme Benhabib d’avoir comparé l’enseigneme­nt offert à «de l’endoctrine­ment digne d’un camp militaire en Afghanista­n ou au Pakistan», au cours d’une entrevue au micro de l’animateur Benoît Dutrizac en février 2012.

«Cette entrevue nous a fait prendre des mesures de sécurité dont nous n’avions pas besoin avant. [Ses propos] ont déclenché un climat de peur à l’école», a insisté M. Khebir, au cours de son contre-interrogat­oire qui s’est tenu en fin d’après-midi.

Les Écoles musulmanes de Montréal offrent de l’enseigneme­nt secondaire et primaire, accrédité par le ministère de l’Éducation. Trois heures par semaine sont allouées à la langue arabe, à la mémorisati­on du Coran ainsi qu’à l’éthique islamique, a expliqué M. Khebir.

RÉPUTATION TERNIE

Selon lui, les écoles jouissaien­t d’une excellente réputation auprès de la communauté musulmane avant l’entrevue de Mme Benhabib.

Une réputation qui aurait été ternie par ses propos, à tel point que d’anciens élèves auraient retiré le nom de l’école de leur curriculum vitae. Selon M. Kebir, Mme Benhabib est aussi responsabl­e de la diminution du nombre d’inscriptio­ns les années suivant ces propos tenus au 98,5 fm.

L’avocat de Djemila Benhabib, Marc-André Nadon, a signalé que les Écoles musulmanes de Montréal ont fait les manchettes plus d’une fois alors que seule sa cliente a été poursuivie.

Me Nadon a aussi voulu démontrer que les importante­s mesures de sécurité dont parlait M. Khebir ont été prises trois ans après les faits, à la suite d’un acte de vandalisme à l’école survenu à peine un mois après l’attentat contre Charlie Hebdo en France.

Le procès doit s’étendre sur cinq jours. Djemila Benhabib devrait témoigner mercredi ou jeudi.

 ??  ?? Djemila Benhabib, ici au palais de justice de Montréal hier, dit que les passages du Coran enseignés aux enfants avaient un caractère «extrêmemen­t violent, misogyne et sexiste».
Djemila Benhabib, ici au palais de justice de Montréal hier, dit que les passages du Coran enseignés aux enfants avaient un caractère «extrêmemen­t violent, misogyne et sexiste».
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada