Le Journal de Montreal

La Colombie signe un accord de paix historique avec les FARC

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CARTHAGÈNE | (AFP) La Colombie a vécu hier un jour à marquer d’une colombe blanche dans les livres d’histoire en signant avec la guérilla des FARC un accord de paix qui met fin à un conflit armé sanglant de plus d’un demi-siècle.

L’accord a été signé par d’anciens faucons qui ont fait de la paix leur fer de lance: le président Juan Manuel Santos et le commandant en chef des Forces armées révolution­naires de Colombie (FARC, marxistes), Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jimenez et de Timochenko.

Tous deux sont apparus vêtus de blanc, comme les 2500 invités, dont 250 victimes du conflit (personnes enlevées ou blessées, proches, etc.), qui ont pu accéder à l’enceinte tendue de blanc et hautement sécurisée où se tenait cette émouvante cérémonie, à Carthagène des Indes, sur la côte caraïbe.

NOUVELLE ÈRE

Convié à parler en premier, Timochenko a salué «une nouvelle ère de réconcilia­tion et de constructi­on de la paix» et il a pour la première fois demandé «pardon» à «toutes les victimes du conflit».

Carthagène a ensuite été survolée par une escadrille d’avions, le chef des FARC plaisantan­t sur le fait qu’ils viennent «saluer la paix et pas avec des bombes», ce que M. Santos, souriant, a confirmé, avant de parler à son tour.

baligrafo

«Plus de guerre! Plus de guerre!» a lancé le chef de l’État, repris en choeur par l’assistance. «Plus de morts (...) pour une guerre absurde», a-t-il affirmé, saluant la décision des FARC de «changer les balles pour les votes» par cet accord qui leur permet de se convertir en parti politique. «Bienvenue dans la démocratie!» leur a-t-il souhaité, réaffirman­t préférer «un accord imparfait, qui sauve des vies, qu’une guerre parfaite».

M. Santos a signé le document de 297 pages avec un baligrafo, un stylo fabriqué avec une balle du conflit. Et il a offert à Timochenko une broche représenta­nt une colombe blanche, avec dans son bec un rameau d’olivier et un ruban aux couleurs jaune, bleu, rouge du drapeau colombien.

«La base de tout cela est de ne pas nous entretuer pour des idées», avait auparavant déclaré le chef des négociateu­rs de paix du gouverneme­nt, Humberto de La Calle.

« UN PAS DE GÉANT »

Quinze chefs d’État latino-américains ont assisté à cette cérémonie inédite, à commencer par le Cubain Raul Castro, dont le pays a accueilli les négociatio­ns ayant abouti le 24 août à cet accord avec les FARC, sous les auspices aussi de la Norvège, du Venezuela et du Chili.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, était également à Carthagène, ainsi que le secrétaire d’État américain John Kerry, selon lequel la Colombie a franchi hier «un pas de géant».

«[ il VAUT MiEUX ] Un Accord iMpArfAiT, qUi sAUVE dEs ViEs, qU’UnE gUErrE pArfAiTE » – Le président colombien Juan Manuel Santos

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Le président Juan Manuel Santos serre la main au commandant en chef des FARC, Rodrigo Londoño, avant la signature.

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