Un chèque cadeau culturel
Après la classique promesse d’ajouter un milliard en éducation et celle, plus audacieuse, de dépenser un autre milliard dans un train électrique entre Montréal et Québec, le péquiste Alexandre Cloutier se fait plus humble en promettant un chèque cadeau de
Ce qu’il appelle un «passeport culturel québécois» serait aussi accessible aux dizaines de milliers d’étudiants des niveaux 3e, 4e et 5e secondaire.
L’objectif est noble: que tous embrassent la culture québécoise en goûtant à la musique, au théâtre, au cinéma, etc. Broue, Ti-Coq, Les belles-soeurs… Le déclin de l’empire américain, Incendies, Camping sauvage… Marie-Mai, Paul Daraîche et peut-être Céline qui chante en anglais...
BEAUCE CARNAVAL
Cette proposition culturelle du candidat Cloutier ressemble à une habitude en vogue chez certains conseils de bande des Premières Nations.
Quand Beauce Carnaval débarque aux alentours, on donne aux enfants suffisamment d’argent pour s’amuser dans la grande roue en mangeant des croustilles et de la barbe à papa…
En version PQ 2016, le chèque cadeau de 50$ serait monnayable chez des organismes officiels, des événements reconnus ou auprès d’intermédiaires dûment accrédités par l’establishment culturel.
S’il devient chef du PQ et, finalement, premier ministre du Québec, Alexandre Cloutier augmentera le budget de la culture de dix pour cent.
Déjà que les artistes ont échappé aux affres de la soi-disant austérité libérale, si jamais un gouvernement Cloutier prend le pouvoir, ce sera le pactole en 2018. L’élite locale l’applaudira à tout rompre à ses propres galas.
Justin Trudeau a fait une promesse similaire à Radio-Canada au cours de la dernière campagne électorale fédérale, il en apprécie chaque jour les effets...
La Belle Province a vaguement entendu parler des remboursements abusifs exigés par les collaborateurs les plus proches du premier ministre du Canada…
EXCLUSION
Mais revenons à la mesure proposée par Alexandre Cloutier.
Il espère qu’elle permettra aux «deux solitudes» canadiennes de se côtoyer amicalement. Disons plus précisément que les Anglo-Québécois ne devraient pas s’en offusquer.
Parce que le passeport culturel ne sera malheureusement destiné qu’à la promotion des artistes francophones. Les groupes populaires Simple Plan ou Arcade Fire ne seraient pas admissibles au chèque cadeau de 50$. Les Trois Accords, oui. Les Dead Obies, non...
Ainsi va la vie chez les minoritaires. Il y a ici une tradition d’exclusion des artistes anglophones de chez nous, une tare incarnée par l’ADISQ qui ne sait généralement pas quoi faire des artistes anglo-québécois, même les plus célèbres.
IDENTITÉ
La diversité dont il est question ici n’inclut pas les artistes anglophones locaux.
La générosité ne vise que ceux qui viennent d’ailleurs.
M. Cloutier et ses partisans croient que les immigrants choisiront le Québec en embrassant d’abord sa culture. Est-ce de l’optimisme ou de la naïveté?
Certains, comme l’humble metteur en scène Serge Denoncourt, soutiennent qu’une identité commune sera ainsi bâtie. Commune et pour ainsi dire prépayée…
Mais rien ne dit que les immigrants voudront jouer le jeu. Ils n’en ont pas besoin; les pays occidentaux ont peu d’exigences, ou si peu…