Le Journal de Montreal

Qu’est-ce qui attend le Québec ?

- Marc de foy marc.defoy@quebecorme­dia.com

TORONTO | La nomination de Wayne Gretzky à titre d’ambassadeu­r du centenaire de la Ligue nationale de hockey est dans l’ordre des choses. La Merveille a été le joueur dominant du premier siècle de vie de la LNH. À sa retraite de la compétitio­n, en 1999, il détenait ou partageait 61 records offensifs.

Dix-sept ans plus tard, Gretzky revient dans la Ligue nationale par la grande porte.

Il n’était pas disparu complèteme­nt de la circulatio­n, mais il n’était associé à aucune équipe ni à la ligue depuis la fin de son séjour moins glorieux dans le rôle d’entraîneur en chef des Coyotes de Phoenix.

La ligue ne pouvait trouver un meilleur moment que son centenaire pour le ramener dans son giron.

Gretzky a toujours bien représenté son sport et sa ligue. Il est de la trempe de Jean Béliveau, pour qui il a toujours éprouvé le plus grand respect.

Il a mentionné son nom hier, alors qu’il se remémorait ses premiers souvenirs du hockey devant les journalist­es qui assistaien­t la conférence de presse annonçant sa nomination.

UNE ÉPOQUE DORÉE

Gretzky a raconté avoir reçu son premier chandail des Red Wings de Detroit, équipe avec laquelle évoluait son idole Gordie Howe, en 1965. Il n’avait que quatre ans.

Cette année-là, j’ai vu pour la première fois le Canadien remporter la coupe Stanley. J’approchais de mes 12 ans.

En écoutant Gretzky, je me suis rappelé la grande place qu’occupaient les joueurs québécois dans la LNH à cette époque.

Une douzaine des 21 joueurs qui ont inscrit leur nom sur la coupe avec le Canadien en 1965 était native du Québec.

Les jeunes joueurs de hockey québécois voulaient suivre les traces d’Henri Richard et Béliveau, pour qui Maurice Richard avait servi de modèle, et de leurs jeunes coéquipier­s Jean-Claude et Gilles Tremblay, Robert Rousseau, Yvan Cournoyer.

Y’EN AURA-T-IL D’AUTRES ?

Depuis une dizaine d’années, on assiste à une érosion dramatique du talent québécois dans la LNH.

Peut-on espérer un redresseme­nt alors que la plus grande ligue de hockey du monde s’apprête à entrer dans son deuxième siècle?

Peut-on souhaiter que dans un avenir pas trop lointain, un Maurice Richard, un Jean Béliveau, un Guy Lafleur ou un Mario Lemieux vienne redorer le blason du Québec?

Dans un monde idéal, ce joueur atterrirai­t à Montréal ou à Québec, si la LNH retourne dans la Vieille Capitale.

Le Canadien monopolise pratiqueme­nt toute la scène sportive au Québec.

Les gens sont en pâmoison devant ses joueurs et c’est bien ainsi. Mais il serait si agréable d’y voir une grande vedette de chez nous.

Les jeunes joueurs et les jeunes amateurs aiment s’identifier à un des leurs. C’est normal. Les 30 ans et moins n’ont jamais vu le Tricolore remporter la coupe Stanley.

Leurs joueurs préférés ont pour noms Carey Price, Alex Galchenyuk, Max Pacioretty, Andreï Markov ou Tomas Plekanec. Avant, c’était Saku Koivu, Alex Kovalev ou Jeff Hackett.

Si les choses ne changent pas, les amateurs n’auront aucun joueur québécois étoile de qui ils pourront parler à leurs petits-enfants.

L’ÉQUIPE D’ÉTOILES DU 99

Quand j’ai demandé à Gretzky d’établir son équipe d’étoiles de tous les temps, il y a placé le nom de Béliveau.

Le Grand Jean au centre flanqué de Gordie Howe et de son ancien coéquipier Mark Messier.

À la défense, Gretzky a choisi Bobby Orr et Paul Coffey, avec qui il a joué aussi durant les grandes années des Oilers d’Edmonton.

Son choix de Grant Fuhr à la position de gardien en fera sans doute sourciller plusieurs. Mais il a toujours dit que les Oilers n’auraient pas connu autant de succès sans lui.

«De la façon dont on jouait, il nous fallait quelqu’un pour arrêter la rondelle», a-t-il dit en riant. «Nos matchs se terminaien­t souvent 6 à 5!»

Mais on s’ennuie de ces rencontres. Les joueurs d’aujourd’hui ont beau être plus grands, plus gros, plus forts et plus rapides, le spectacle est moins excitant qu’autrefois.

Il n’y a plus de place à l’improvisat­ion et à l’imaginatio­n. Les entraîneur­s contrôlent tout.

GROSSE ENTREPRISE

La LNH n’est plus la même depuis que Gretzky s’est retiré de la compétitio­n.

La petite entreprise fondée le 22 novembre 1917 à l’ancien hôtel Windsor, sur la rue Peel à Montréal, est devenue une multinatio­nale générant des revenus annuels approximat­ifs de quatre milliards de dollars.

Elle est dirigée par des Américains. Les décisions se prennent à New York depuis près d’une quarantain­e d’années.

UNE TRANSACTIO­N DÉTERMINAN­TE

L’internatio­nalisation du hockey se poursuit. Dans 5, 10, 15, 20 ans, un autre phénomène comme Gretzky transcende­ra peut-être son sport. Mais il viendra peut-être d’Europe ou d’un État ensoleillé des États-Unis.

Il y a 20 ans à peine, les puristes trouvaient inconcevab­le que la LNH étende ses tentacules en Californie, en Floride, en Arizona ou au Texas.

Le hockey est de plus en plus populaire auprès de la jeune génération américaine.

Les joueurs qui atteignent la Ligue nationale ne viennent plus uniquement du Minnesota ou du Massachuse­tts. Ils arrivent de Californie, de l’Arizona ou d’autres États du Sunbelt américain.

La transactio­n qui a emmené Gretzky d’Edmonton à Los Angeles a été un déclencheu­r.

Auston Matthews est un très bon joueur de baseball, mais il a été fasciné par le hockey dès qu’il a vu, à un très jeune âge, son premier match des Coyotes de l’Arizona.

Jakob Chychrun, que ces mêmes Coyotes ont repêché 16e au repêchage de juin dernier, a vu le jour à Boca Raton, en Floride.

À l’aube de son deuxième siècle de vie, la LNH est un tout nouveau monde.

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Peut-on souhaiter que dans un avenir pas trop lointain, un Mario Lemieux vienne redorer le blason du Québec?
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