Le Journal de Montreal

Critiquée de toutes parts

La crédibilit­é et la version des faits de celle qui accuse un député de viol sont mises à rude épreuve

- HUGO DUCHAINE

La jeune femme qui accuse un député libéral de l’avoir violée est la cible d’attaques non fondées visant à la discrédite­r, dénoncent des personnes qui viennent en aide aux victimes d’agression sexuelle.

«C’est très grave, le victim shaming, et c’est exactement ça, la culture du viol. Quand une femme a le courage de témoigner, on la ridiculise pour miner sa crédibilit­é», condamne sans équivoque Mélanie Lemay, cofondatri­ce du mouvement Québec contre les violences sexuelles.

Alice Paquet, âgée de 20 ans, a affirmé plus tôt cette semaine avoir été agressée sexuelleme­nt à deux reprises par le député Gerry Sklavounos, créant une véritable onde de choc partout dans la province.

Mais depuis son témoignage, de nombreuses personnes ont remis en question la version de la jeune femme, en soulignant les contradict­ions dans ses différente­s entrevues et en soulevant des doutes sur un possible passé d’escorte.

RIEN « D’ANORMAL »

Pour Mélanie Lemay, elle-même victime d’agression sexuelle, il n’y a rien d’anormal à ce qu’une victime de viol puisse se contredire, compte tenu du choc effroyable qu’elle aurait subi. Elle rappelle du même souffle qu’il est faux de penser qu’il existe une «réaction typique de victime».

Pour sa part, la coordonnat­rice du Regroupeme­nt québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, Nathalie Duhamel, précise que le consenteme­nt à une relation sexuelle peut être retiré à tout moment.

«Il ne faut jamais tenir pour acquis que, parce qu’une femme est d’accord pour embrasser ou monter dans une chambre d’hôtel, elle est d’accord avec tout le reste», explique-t-elle.

PASSÉ D’ESCORTE

Mme Duhamel s’étonne aussi de voir qu’on cherche à invalider un témoignage en évoquant un prétendu passé de prostituée. «Une prostituée peut être violentée et ne pas consentir», dit-elle, ajoutant d’ailleurs qu’au Canada «on ne peut pas revenir sur le passé sexuel d’une plaignante pour la discrédite­r».

Mélanie Lemay souligne quant à elle qu’il n’est pas rare pour des victimes de chercher ensuite à banaliser la sexualité en se tournant vers la prostituti­on.

La principale intéressée n’a pas confirmé ou nié, hier, les allégation­s voulant qu’elle ait pu être escorte avant ou après sa rencontre avec le député.

Alice Paquet a écrit sur sa page Facebook qu’elle ne répondra plus à aucune question et qu’elle préfère désormais se concentrer sur l’enquête policière à venir.

 ??  ?? Alice Paquet, qui accuse d’agression sexuelle le député Gerry Sklavounos (en mortaise), ne veut plus répondre à aucune question pour se concentrer sur l’enquête policière. Le député ciblé n’accorde pas d’entrevues à la demande de son avocat.
Alice Paquet, qui accuse d’agression sexuelle le député Gerry Sklavounos (en mortaise), ne veut plus répondre à aucune question pour se concentrer sur l’enquête policière. Le député ciblé n’accorde pas d’entrevues à la demande de son avocat.

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