Le Journal de Montreal

Une demi-cigarette par jour fumée sans le savoir

Même si la qualité de l’air de Montréal s’est améliorée, certains secteurs de la ville restent pollués

- GILLES BRIEN

C’est le mardi matin que l’air est le plus pollué à Montréal et c’est sur le PlateauMon­t-Royal qu’il est le plus médiocre, selon des données compilées par Le Journal.

Un rapport récent de l’Organisati­on mondiale de la Santé (OMS) sur la qualité de l’air dans plus de 3000 villes a révélé que 92 % de la population mondiale respire un air de mauvaise qualité. Cependant, la pollution atmosphéri­que a légèrement diminué à Montréal, selon l’OMS.

Tandis qu’au dernier classement de l’OMS, en 2011, Montréal détenait le titre peu envieux de deuxième plus grande ville du pays où la pollution est la pire, la situation s’est améliorée.

La moyenne annuelle en particules fines, la pollution la plus nocive pour les humains, est passée de 11,2 microgramm­es par mètre cube d’air en 2011 à 10 microgramm­es par mètre cube d’air en 2016. Ce taux de pollution équivaut maintenant à fumer une demi-cigarette par jour.

Malgré la bonne performanc­e de Montréal comparativ­ement à d’autres villes dans le monde, certains quartiers enregistre­nt souvent des dépassemen­ts de normes en matière de pollution de l’air. Une étude de l’Université McGill a mesuré des disparités inquiétant­es en raison de différents facteurs.

Vous habitez le Plateau? L’air y est le plus médiocre en ville. Votre quartier compte beaucoup de pizzérias? La moitié des jours de mauvaise qualité de l’air à Montréal en 2015 ont été causés par les fours à bois des pizzérias, selon le bilan de la Ville. Et si vous pensiez qu’après une bonne pizza rien de tel qu’une balade à vélo pour digérer, pensez-y bien! Des pistes cyclables parmi les plus populaires à Montréal sont situées dans des zones où l’air est le plus pollué en ville.

4058 PARTIES DE RUE

Chaque jour, plus de 2,1millions de véhicules circulent sur l’île de Montréal. À Québec, ce sont 500 000 automobili­stes qui prennent la route tous les matins. Pour mesurer les retombées de la circulatio­n automobile à Montréal, des chercheurs de McGill ont analysé des échantillo­ns d’air en 2012 sur 4058segmen­ts de rues, d’avenues, de boulevards et d’autoroute sur l’île de Montréal. Les résultats ont mené à une répartitio­n cartograph­ique de la pollution en particules fines (voir photo 1).

«Le pire moment de la journée pour la pollution est le matin», dit la professeur­e en génie civil Marianne Hatzopoulo­u, qui a mené le projet*. Nous avons observé une concentrat­ion moyenne de 24,948 particules par centimètre cube le matin, comparativ­ement à 17,382 particules en fin d’après-midi.»

Cet écart est dû à la météo. Le matin, l’air est stable. Il y a peu de dispersion des polluants dans l’air. C’est avec le réchauffem­ent créé par le soleil que l’air s’agite et se mélange.

«Nous avons aussi découvert que le mardi suivi du vendredi sont les pires journées pour la pollution», ajoute celle qui enseigne maintenant à l’Université de Toronto. Les raisons seraient liées aux modes d’opération du transport routier et à plus de camions sur les routes le mardi.

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PHOTOS D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER ET PIERRE-PAUL POULIN

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