Le Canada change de ton envers Moscou au sujet de l’Arctique
OTTAWA | Malgré de vives tensions liées à leurs divergences sur la Syrie ou l’Ukraine, la Russie et l’Occident entretiennent encore une coopération poussée en Arctique, sous l’impulsion, notamment, du nouveau gouvernement canadien.
Élus il y a un an, les libéraux de Justin Trudeau ont mis fin à l’isolationnisme pratiqué par l’administration conservatrice du premier ministre précédent, Stephen Harper, qui avait exclu à plusieurs reprises Moscou de rencontres internationales concernant cette région du globe.
En dépit des protestations de son allié ukrainien, Ottawa a notamment annoncé récemment la tenue le 24 novembre d’une conférence Canada-Russie sur la coopération scientifique dans le Grand Nord.
« IRRATIONNEL »
«Empêcher les scientifiques de ces pays de se parler est irrationnel», a plaidé fin septembre devant la Chambre des communes la ministre adjointe aux Affaires étrangères, Pamela Goldsmith-Jones.
«Nous souhaitons établir des liens avec la Russie, prudemment, car nous pensons que cela sert l’intérêt des Canadiens et des Russes», mais aussi les habitants «d’Ukraine et de Syrie», a-t-elle estimé.
Malgré le fait que le Canada de Justin Trudeau ait annoncé récemment l’envoi d’un bataillon de 455 soldats en Lettonie pour renforcer le flanc est de l’OTAN, le Kremlin a salué le nouveau ton adopté par Ottawa concernant l’Arctique.
«Avant, les conservateurs ne juraient que par leur souveraineté dans l’Arctique. Avec Trudeau, on sent plus de souplesse, c’est beaucoup mieux», apprécie un responsable russe en poste dans la capitale canadienne, rencontré cette semaine en marge d’une conférence.
BASES MILITAIRES
Le président russe Vladimir Poutine, assure cette source à l’ambassade de Russie, «considère l’Arctique comme un territoire sans affrontement».
L’ouverture il y a un an d’une base militaire sur l’archipel François-Joseph, au 80e parallèle Nord, et la réouverture en 2013 d’une autre base, sur l’archipel des îles de Nouvelle-Sibérie (plus à l’est), n’ont rien de belliqueux, assure ce diplomate.
Plutôt qu’une militarisation de l’Arctique, il faudrait voir dans ce déploiement la mise en place des infrastructures nécessaires au transport maritime dans l’Arctique russe.
«Actuellement, seul le ministère de la Défense a les capacités de mener des opérations de sauvetage et de secours en mer», plaide ce diplomate.