Le Journal de Montreal

La fondation de la Banque de Montréal ( 1817 )

- Gilles Proulx

La Nouvelle-France a longtemps souffert d’un tel manque de liquidités que les gouverneur­s ont longtemps été obligés d’utiliser, en guise de monnaie, des cartes à jouer spécialeme­nt marquées.

Mais voilà qu’en 1817, Montréal va avoir sa propre monnaie et, pour la battre, se doter de sa propre banque. En raison de sa fière allure, la Banque de Montréal de la place d’Armes figure souvent sur les cartes postales prisées par les touristes. Cette institutio­n financière, au fil des ans, va acquérir une influence gigantesqu­e. L’édifice de la place d’Armes y trône depuis 1847, époque où les patineurs du dimanche s’égaillaien­t sur une patinoire qui allait jusqu’au parvis de la basilique Notre-Dame. C’était avant la constructi­on du monument à De Maisonneuv­e en 1895.

À sa fondation, en 1817, la Banque de Montréal occupe des locaux loués rue Saint-Paul. Évidemment, la vocation de cette banque est d’industrial­iser Montréal et tout le Canada. De financer le creusement de canaux, celui de Lachine et de tous les autres aux abords de Montréal, pour rendre l’île plus accessible. La Banque va aussi financer le télégraphe et le chemin de fer, y compris l’ambitieux projet de train transconti­nental du «Canadian Pacific» pour relier l’est et l’ouest du pays… ce qui fera tant de mal aux Métis de Louis Riel dans les Prairies.

Jusqu’à ce que le fédéral fonde la Banque du Canada en 1935, c’est la Banque de Montréal qui émet la monnaie. Cette institutio­n se trouve au coeur du projet d’Amérique du Nord britanniqu­e.

SYMBOLE DU DÉVELOPPEM­ENT INDUSTRIEL

Quant à son édifice de 1847, il donnera le ton à l’architectu­re de l’époque. Les grands bâtiments victoriens des environs de la rue SaintJacqu­es suivront son exemple. Fastueux et magnifique­s, ils symbolisen­t la puissance de l’Empire britanniqu­e. Sur son fronton, popularisé par le grand peintre Krieghoff, la Banque va jusqu’à reproduire et adopter les armoiries de Montréal… pour les faire siennes! Cette oeuvre, coulée dans le bronze en Écosse, pèse 25tonnes et mesure près de 16 mètres. Pour rendre la pareille à la Banque de Montréal, la mairie a dans sa salle du conseil des vitraux où apparaît ladite institutio­n… qui a pourtant, depuis, déménagé le gros de ses décideurs à Toronto.

Quant au nouveau nom qu’elle s’est donné, BMO, il vise à faire oublier l’origine montréalai­se de la banque. La plus montréalai­se des banques, aujourd’hui, ce sont les Caisses Desjardins, une institutio­n qui a d’ailleurs vu le jour pour compenser le fait que la Banque de Montréal favorisait l’anglais et les Anglais… ce qui allait de soi au XIXe siècle. Symbole du développem­ent industriel pendant son premier siècle et demi d’existence, la Banque de Montréal représente maintenant la vassalisat­ion financière de la métropole au profit de Toronto.

En passant, il y a depuis quelques années un petit musée rattaché à la Banque de Montréal dont je vous recommande la visite.

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1. Quel meilleur emplacemen­t pour une institutio­n que derrière la statue du fondateur de la ville? Avec son toit en dôme, l’édifice de la Banque de Montréal rappelle un peu ce que sera plus tard l’oratoire Saint-Joseph. Mais attention: n’allez pas...
PHOTOS COURTOISIE DES ARCHIVES MUNICIPALE­S DE MONTRÉAL 2 1. Quel meilleur emplacemen­t pour une institutio­n que derrière la statue du fondateur de la ville? Avec son toit en dôme, l’édifice de la Banque de Montréal rappelle un peu ce que sera plus tard l’oratoire Saint-Joseph. Mais attention: n’allez pas...
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gilles.proulx @quebecorme­dia.com Avec la collaborat­ion de Louis-Philippe Messier
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