Le Journal de Montreal

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Comment mieux aider ma mère?

Je vous lis toujours avec intérêt puisque je considère le Journal, et plus encore votre chronique, comme une connexion directe avec les réalités d’aujourd’hui. Je m’occupe de ma mère âgée de 85 ans. L’an passé à la suggestion de sa conseillèr­e financière, elle a réinvesti une somme dans un CELI, afin de sauver entre 50 et 100$ d’impôt. Or au début du mois, elle a reçu un avis de l’Agence du Revenu du Canada indiquant qu’elle devra débourser près de 4000$, en raison du fait quelle aurait dû attendre un an avant de reprendre ce CELI.

Pensez-vous vraiment que ma pauvre mère qui peine à survivre aurait fait ce choix si elle avait su? Trop de gens ici se vantent de frauder les gouverneme­nts, et je serais le premier à me réjouir de voir l’État serrer la vis à ces voleurs pour les punir sévèrement. Mais dans un cas comme celui que je vous soumets, c’est l’État qui se comporte d’une façon scandaleus­e. Évidemment, je n’ai pas l’intention de baisser les bras.

On m’a référé au Bureau de l’Ombudsman du contribuab­le qui est une sorte d’annexe de l’Agence du Revenu Canada, qui en fait nous donne la fausse impression d’être écouté. Mais c’est un genre de défouloir inutile finalement, puisque rien de concret n’a émané de ma démarche.

Le 3 août dernier, je me suis rendu en personne au bureau du Revenu du Canada à Shawinigan, afin de déposer en main propre une copie de la procuratio­n qui me détermine comme représenta­nt au nom de ma mère. Le but étant de lui épargner des soucis, comme le lui recommande son état de santé fragile. Et voilà que plus de trois semaines plus tard, je ne suis toujours pas inclus au dossier. À travers le regrettabl­e processus que j’ai dû suivre en vue de parvenir à mes fins dans ce dossier, j’ai appris que depuis plus de 12 ans, plus personne ne peut rencontrer face à face un agent, parce que trop d’actes violents à leur endroit se produisaie­nt alors. Mais faut-il en être surpris? Comment riposter à une telle forme d’abus? Comment défendre ma mère? J’attends vos conseils Madame. Anonyme

Ce qu’on vous fait vivre est une totale aberration, je n’ai aucun mal à en convenir. Et ce n’est pas la première occasion qui m’est donnée de constater que le cas par cas n’existe pas à Revenu Canada. Tout se fait sans égard à la personne. C’est l’équivalent d’un rouleau compresseu­r qui nivèle tout de la même façon, les escrocs comme les bons citoyens.

Mais ça m’étonne qu’on ne vous ait pas signalé au Bureau de l’ombudsman, que le premier geste à poser dans une situation comme la vôtre, c’est d’utiliser les mécanismes établis par l’Agence elle-même pour régler les plaintes liées aux services qu’elle offre. Le processus de plainte est d’ailleurs très bien décrit dans la brochure RC 4420 qui vous est accessible sur internet.

Mais une question me turlupine dans votre affaire : Comment se fait-il que vous n’ayez pas pensé à communique­r avec l’entreprise pour laquelle travaille la conseillèr­e en placements de votre mère? Car au premier chef s’il y a eu pareille erreur dans le retrait et le réinvestis­sement du CELI, elle, tout autant que l’agence pour laquelle elle travaille, en sont les premiers responsabl­es.

L’Autorité des Marchés financiers est là pour vous renseigner sur la marche à suivre pour porter plainte, car je crois que vous avez entre le main un cas d’abus, probableme­nt sous-tendu par l’incompéten­ce. Je vous souhaite de garder le moral tout au long d’un parcours qui risque d’être long, car c’est bien connu, le fisc n’est pas là pour aider le contribuab­le, mais bien pour remplir les coffres de l’état. Courage, car le résultat en vaut le combat!

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