L’impossible vient d’arriver
Au dernier moment, manifestement, les Américains ont décidé de saisir la «chance» qu’il leur offrait et d’envoyer paître le système.
L’impossible vient d’arriver. À moins d’un retournement de dernière minute, qui demeure possible au moment d’écrire ces lignes, Donald Trump a gagné. Pour les quatre prochaines années, il sera le président du plus puissant pays du monde.
On connait son caractère. Le personnage effraie, et dans bien des cas, il dégoûte. À travers le monde, on redoutait son élection.
La question revenait en boucle: qui voudrait confier les codes nucléaires à Trump?
Réponse? La majorité des Américains.
Maintenant, il faudra vivre avec la réalité et accepter le choix des Américains sans leur cracher dessus.
RÉVOLTE
Comment comprendre la révolution Trump?
On peut y voir l’expression d’une exaspération absolue des Américains.
Ils auront renoncé à suivre les consignes électorales de leurs élites en faillite morale.
Ces élites se sont perdues dans des guerres impériales.
Elles consentent passivement à une immigration illégale massive qui bouleverse le pays.
Elles endossent une mondialisation qui leur est profitable mais qui fait souffrir la classe moyenne en désindustrialisant le pays.
En d’autres mots, l’Amérique est clivée entre une élite qui a perdu le sens de la mesure et de ses responsabilités et des couches populaires qui se sentent abandonnées et qui sont presque poussées à la révolte politique.
Sans la dérive des élites américaines, la révolution Trump n’aurait pas été possible.
Cette révolte, elle n’est pas exclusive à l’Amérique. Elle traverse l’Occident.
De la révolution Trump au Brexit, en passant par les mouvements populistes européens, on sent que le monde tremble. Les peuples sont en demande d’autorité, d’identité, de frontières, de repères, de tradition.
Mais trop souvent, les élites médiatiques, universitaires, politiques et financières dédaignent les angoisses du peuple.
Ce mépris s’est retourné contre elles.
Les peuples se tournent vers ceux qui donnent l’impression de les comprendre.
C’est en se faisant l’écho de ces aspirations que Trump est parvenu à la MaisonBlanche.
Trump est grossier, ordurier même, et son personnage a souvent éclipsé les aspirations qu’il parvenait néanmoins à canaliser.
Au dernier moment, manifestement, les Américains ont décidé de saisir la «chance» qu’il leur offrait et d’envoyer paître le système.
La révolte a dépassé le dégoût. Une majorité d’Américains a fait le choix de parier sur une candidature antisystème. On pourrait aussi parler d’un référendum antisystème.
Nous entrons dans un monde qui n’a plus rien à voir avec la mondialisation heureuse. La politique redeviendra le lieu de grands affrontements.
RÉCONCILIATION
Mais Donald Trump devra vite s’adapter à sa nouvelle fonction, à ses nouvelles responsabilités.
Le milliardaire tonitruant devra enfiler les habits présidentiels. Respecter ses adversaires. Contrôler ses pulsions. Réconcilier le pays. Agir dignement. En est-il capable? Pourra-til se comporter en président?
Il est pris dans une situation intenable. Il a gagné contre l’establishment américain. Mais peut-on gouverner un pays contre ses élites? L’Amérique de Donald Trump pourrait bien être ingouvernable.
Le populisme est une révolte. Mais un président ne peut jouer au révolté. Il doit gouverner en tenant compte des réalités. L’Amérique est très malade. Un monde semble mourir, un autre prend forme.