Électrochoc planétaire
Donald Trump – président de la plus grande puissance du monde? On l’appréhendait sans vraiment y croire. Au moment de mettre sous presse, le pire des scénarios devenait possible. Si jamais il s’avère, l’électrochoc s’annoncerait planétaire.
Fracasser clairement le mythique «plafond de verre» de Hillary Clinton se voulait l’ultime possibilité restante de stopper Trump - le multimilliardaire populiste, narcissique, xénophobe et harceleur sexuel. Sinon, ce serait le cauchemar. La totale.
Le résultat serré confirme pourtant trois constats qui frappent fort. 1) Les campagnes électorales sont des boîtes à surprises et l’oublier est une erreur. 2) Les racines de la montée de Donald Trump restent intactes. 3) Polarisée comme jamais, cette Amérique est à des lustres de la vision idéalisée qu’elle se fait d’elle-même depuis trop longtemps.
RECETTE PARFAITE
Meurtrie par de scandaleux écarts de richesse, la peur du terrorisme, une violence endémique, une crainte nouvelle de l’immigration, un racisme chronique et un isolationnisme résurgent, une part substantielle des Américains n’a plus la moindre confiance en ses «élites».
La preuve du désaveu est servie. D’où la recette parfaite pour la quête d’un leader autoritaire capable de brandir d’illusoires solutions magiques. Or, Hillary Clinton, elle-même l’incarnation d’un establishment honni, n’aura jamais pu prouver sans équivoque qu’elle pourrait colmater autant de fractures sociales, ethniques, politiques et économiques.
Quel que soit le résultat de l’élection, le drame, le vrai, est bien celui-là.
LE REMÈDE DE BERNIE
Bernie Sanders, l’ex-rival démocrate et «socialiste» de Mme Clinton, détenait pourtant les clés d’un possible remède. Sa capacité inouïe à mobiliser jusque chez les plus jeunes ne tenait qu’à un seul ingrédient essentiel: l’espoir d’une présidence véritablement humaniste.
Car au-delà des «étiquettes» idéologiques, c’est avant tout d’humanisme dont l’Occident - et les États-Unis en tête de liste - ont urgemment besoin. Un humanisme concret porté par des politiques publiques conséquentes.
À l’aube d’une ère post-Obama aussi incertaine, dans cette Amérique dangereusement désemparée, nous voici plutôt aux antipodes.