Évitons les raccourcis
Le défi du nouveau président à partir d’aujourd’hui sera énorme. Partir d’une telle bouillie de lendemain d’élection et préparer un mandat de gouvernance sensé et porteur d’espoir, bonne chance !
Rarement dans leur histoire les Américains auront connu des années aussi peu inspirantes. Au lendemain d’élection, beaucoup d’entre eux seront tentés comme nous de dire: «Ce cirque est enfin fini!» Mais l’espoir et l’enthousiasme pour les prochaines quatre années se situent à un niveau infiniment bas.
Donald Trump a accompli un exploit. Mais ce qu’il pourra accomplir à partir de maintenant est plus qu’incertain.
Les attente de ses partisans sont démesurées.
Surtout, il retrouve un pays incroyablement divisé après une campagne sale, laide et ses qualités de rassembleur sont loin d’être démontrées.
Notre voisin du Sud a perdu plusieurs de ses repères et celui-ci est sans doute le plus gros : l’incapacité de se rallier autour de cette conviction que le pays est plus important que les partis politiques.
J’admirais jadis cette faculté des Américains de se retrouver sous leur drapeau et de mettre de côté leurs divergences à des moments critiques. Cela semble s’être perdu en chemin.
TRUMP A CHANGÉ LE PAYS
La plus grande erreur ce matin serait de voir Donald Trump comme une comète qui a passé et qui est ressorti du firmament durant la nuit.
Le milliardaire a changé le pays et empoisonné la politique.
Il a aussi mis en danger le Parti républicain dans sa capacité de fournir une alternative aux démocrates.
Ceux qui ont voté Trump ne sont pas des fous.
Je le dis parce que je sais que ce raccourci est souvent utilisé au Québec.
Donald Trump a mis le doigt sur des problèmes profonds dans le vécu de milliers de familles américaines.
La crise économique a provoqué de douloureuses pertes d’emplois dans plusieurs parties des ÉtatsUnis.
Des dizaines de milliers de famille ont perdu leurs maisons. Les attentats terroristes ont miné le moral du peuple et créé un fort sentiment d’insécurité.
Beaucoup d’Américains attendent des réponses. Sauf que Donald Trump n’apportait pas comme réponse à ces problèmes des solutions politiques ou économiques réelles.
Sa politique consistait à trouver des coupables: les Mexicains, les immigrants, etc.
Sa politique consistait à monter les Américains les uns contre les autres. Sa politique consistait à dévaloriser toutes les institutions du pays, à noircir tout le travail politique incluant une dévalorisation du Parti républicain lui-même.
Parce qu’il arrivait de l’extérieur du milieu politique, lui serait le sauveur! Foutaise!
ET MAINTENANT…
Le défi du nouveau président à partir d’aujourd’hui sera énorme. Partir d’une telle bouillie de lendemain d’élection et préparer un mandat de gouvernance sensé et porteur d’espoir, bonne chance!
Un leader doit être en mesure d’offrir une politique cohérente pour ouvrir le chemin sur la prospérité.
Moins de taxes, moins de bureaucratie, plus d’entrepreneurship, plus d’investissements, il existe des réponses valables.
Vide de substance, Trump a misé sur des murs à construire et des milliers de travailleurs à expulser.
Néanmoins l’énorme succès de Donald Trump, Monsieur le Président, a gangrené bien des esprits. Le dommage est fait.