Le Journal de Montreal

Un pays fracturé

- JOSEPH FACAL

Les sondages avaient donc sous-estimé l’ampleur de la colère qui a servi de carburant à Donald Trump.

On savait l’Amérique affligée de maux sévères. Mais hier soir, même les observateu­rs les plus chevronnés étaient surpris par la profondeur des lignes de fracture révélées par cette campagne.

La première puissance du monde est littéralem­ent scindée en deux moitiés.

COLÈRE

Certaines assemblées publiques de Trump donnaient l’impression que le temps des torches et des fourches était revenu.

Pour que ces gens soient prêts à suivre un candidat aussi erratique et imprévisib­le, il fallait que leur colère soit immense au point de les aveugler.

Oui, les aveugler, car tous ces gens qui ont le sentiment d’être floués par des privilégié­s, nés dans l’abondance, qui ne respectent que les règles qui font leur affaire, ne voient pas que Trump est la parfaite incarnatio­n de cela.

«Greed is good», disait le personnage de Gordon Gekko dans le film Wall Street (1987). La phrase semble avoir été inventée pour Trump. D’où vient cette colère populaire ? La mondialisa­tion – combien de fois faudra-t-il le répéter ? – a fait des perdants dont il faudrait s’occuper.

Cette colère, c’est aussi largement celle des Blancs peu éduqués déclassés par la montée des minorités.

Nombre de gens sont également dégoûtés par la monumental­e hypocrisie d’une industrie politique qui a repris toutes les ficelles du marketing et de la télé-réalité : vendre du rêve, du faux, du vide à coups de slogans et de messages simplistes.

Mais c’est ce que Trump leur a servi.

COMPRENDRE

Cette colère, au lieu de la traiter avec mépris et condescend­ance, il faudra essayer de la comprendre.

Ne commettons pas non plus l’erreur d’y voir une aberration strictemen­t américaine dont nous serions à l’abri.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada