Une victoire qui inquiète les experts en politique
L’Amérique se trouve dans l’incertitude, selon eux
Des experts consternés ont jugé la victoire républicaine «inquiétante» hier, se disant incapables de prédire à quoi ressemblera l’Amérique sous Donald Trump.
«On n’a pas de recette, pas de précédent. Rien dans l’histoire pour nous aider à comprendre ce que serait une présidence de Donald Trump», a soupiré Charles-Philippe David, président de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand lors d’un panel d’experts.
«La question qui tue, c’est : qui va entourer Donald Trump? Qui va le conseiller? Et va-t-il les écouter?», s’est interrogé M. David, pour qui l’élection de Trump n’est rien de moins qu’un tremblement de terre. «C’est une catastrophe», a-t-il lâché.
À l’exception de quelques «moutons noirs», la plupart des experts et des sondeurs avaient prédit une victoire de Hilary Clinton, explique le chercheur Vincent Boucher.
DOUCHE FROIDE
«On était confiants qu’elle allait l’emporter. Mais ça reste que tout peut arriver», abonde Andréanne Bissonnette.
Dès le début de la soirée, les résultats extrêmement serrés dans l’État-clé de la Floride ont donné des sueurs froides à plusieurs. L’animatrice de la soirée a même ressenti le besoin de faire monter le panel d’experts plus tôt que prévu sur scène, disant commencer à sentir de «l’angoisse» dans la salle.
Puis l’angoisse a fait place à la consternation, la victoire de Trump devenant de plus en plus concrète. Bon nombre d’experts et de spectateurs ont d’ailleurs quitté avant le discours du gagnant.
MÉDUSÉ
«Tous les dirigeants du monde doivent être aussi médusés que nous […] Et beaucoup d’experts doivent être médusés aussi», a lâché M. David.
«C’est inquiétant», a avoué M. Boucher en raison de l’incertitude qui plane maintenant sur l’avenir des États-Unis.
À quoi ressembleront les politiques de Trump? «J’avoue qu’on n’y a pas beaucoup pensé», dit M. Boucher, notamment en raison du peu de détail qu’a donné le candidat républicain sur ses intentions concrètes.
«Il y a quand même des garde-fous aux États-Unis», a-t-il aussi nuancé. Le parti républicain étant fortement divisé, Trump risque de voir certaines de ses mesures défiées par le Congrès ou le Sénat. Par exemple, le Sénat peut, dans une certaine mesure, bloquer la nomination que fait un président d’un juge à la Cour suprême.
Reste que Trump a lui-même dit qu’il serait un président imprévisible, a rappelé M. David. «Même l’ObamaCare, je ne suis pas sûr qu’il va complètement l’abolir».