Le Journal de Montreal

Il met le feu et envoie son père au chômage

Un homme congédié pour avoir dormi au travail coupable d’avoir incendié une meunerie

- KARIANE BOURASSA ET VALÉRIE GONTHIER

SAINT-HYACINTHE | Un homme congédié parce qu’il dormait au travail et qui a envoyé son père au chômage en mettant le feu au bâtiment de son employeur, passera deux ans en prison.

Dans la nuit du 22 au 23 février 2015, Sébastien Champigny, 29ans, a incendié la Meunerie Côté-Paquette d’Ange-Gardien en Montérégie, une entreprise qui nourrissai­t 400 000 porcs.

Il était alors sous l’influence de la drogue.

Champigny était gardien de nuit dans cette entreprise, mais avait été congédié trois mois avant l’incendie parce qu’il avait été surpris à dormir pendant le travail.

Le juge Gilles Charpentie­r a cependant mentionné hier que Champigny n'avait pas agi par vengeance, mais plutôt pour effacer les traces d’un vol et d’une introducti­on par effraction qu’il aurait commis deux jours plus tôt.

«Il ne voulait pas se venger, c'était seulement plus facile pour lui de faire ça à cet endroit, car il connaissai­t les lieux et savait comment ça fonctionna­it», a affirmé l'avocate de la Couronne, Sandra Bilodeau.

PÈRE AU CHÔMAGE

En incendiant l'entreprise, Champigny a envoyé son père au chômage, lui qui y travaillai­t depuis plus de 20 ans. Une quinzaine d'autres employés ont perdu leur travail dans cette tragédie dont les pertes sont évaluées à plus de 20 millions de dollars.

Selon le juge, la disparitio­n de la meunerie a fait «un mal énorme à la municipali­té de L’Ange-Gardien», qui compte environ 2500 habitants.

Le 28 juillet 2016, il avait plaidé coupable à des accusation­s d'introducti­on par effraction, d'incendie criminel causant des dommages matériels, d'incendie criminel par négligence et de possession d’outils de cambriolag­e.

Hier, il a aussi plaidé coupable à des dossiers de suppositio­n de personne et de bris de condition et devra passer les 24 prochains mois derrière les barreaux.

L'avocat de la défense Me Marc-André Gauthier a assuré que son client, qui n'avait aucun antécédent judiciaire avant les événements, est revenu sur le droit chemin. Depuis son arrestatio­n, Sébastien Champigny a passé 12 mois dans un centre de désintoxic­ation, donc six sur une base volontaire.

MAUX DE TÊTE

Un an et demi après l’incendie de la meunerie, les propriétai­res ont encore bien des maux de tête à gérer les répercussi­ons de ce crime.

«Ç’a amené tellement de casse-têtes, du surplus de travail, des manques à gagner. Tout n’est pas encore réglé avec les assurances, il faut reconstrui­re, ça brette», se désole le propriétai­re Bernard Paquette.

L’agriculteu­r de 73 ans dit ne pas vouloir arrêter de travailler, mais il concède que ce drame a malgré tout repoussé sa retraite qui lui aurait permis de ralentir un peu.

Depuis l’incendie, l’entreprise a été obligée de s’approvisio­nner ailleurs pour nourrir les bêtes.

«Les profits, ce sont les autres qui se les ont mis dans les poches», a déploré M. Paquette.

Installée à L’Ange-Gardien depuis 25 ans, la meunerie devra être reconstrui­te ailleurs.

«C’est dommage qu’on ait à subir tout ça à cause de ses problèmes financiers (à Sébastien Champigny). C’est lui qui avait causé son propre sort en dormant au travail. On se devait de le congédier», a indiqué Caroline Paquette, la fille de l’agriculteu­r.

«On va toujours lui en vouloir, on souhaite qu’il ait eu sa leçon», a-t-elle ajouté.

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 ??  ?? Sébastien Champigny (à droite) a mis le feu à la meunerie Côté-Paquette (ci-dessus) pour camoufler une introducti­on par effraction. Il a alors envoyé au chômage une quinzaine de personnes de L’Ange-Gardien, dont son père.
Sébastien Champigny (à droite) a mis le feu à la meunerie Côté-Paquette (ci-dessus) pour camoufler une introducti­on par effraction. Il a alors envoyé au chômage une quinzaine de personnes de L’Ange-Gardien, dont son père.

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