Le Journal de Montreal

Les médecins veulent des balises claires pour les accommodem­ents

Ils veulent apaiser les tensions liées aux demandes d’ordre religieux

- Régys Caron RCaronJDQ

«ON N’A PAS LE TEMPS DE FAIRE UN RECENSEMEN­T POUR SAVOIR OÙ IL Y A DES MÉDECINS HOMMES OU FEMMES SUR L’ÎLE DE MONTRÉAL.» – Diane Francoeur, présidente de la Fédération des médecins spécialist­es du Québec

QUÉBEC | Exposés au quotidien aux demandes d’accommodem­ents religieux, les médecins spécialist­es demandent au gouverneme­nt d’émettre des règles claires afin d’apaiser les tensions dans les hôpitaux.

«On espère que les règles vont être plus claires et qu’on dise aux communauté­s religieuse­s: on est prêts à vous accommoder, mais arrêtez de demander des choses qui n’ont pas d’allure», a confié, hier, Diane Francoeur, présidente de la Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ), peu après son passage en commission parlementa­ire où elle réagissait au projet de loi sur les accommodem­ents religieux.

Des femmes enceintes qui refusent d’être traitées par un médecin masculin, des patientes qui refusent d’enlever leur foulard même s’il faut leur faire une injection dans le cou, les demandes faites aux médecins et aux employés dans les hôpitaux vont du raisonnabl­e à l’excessif, a rapporté Diane Francoeur.

«Il faut éviter que le projet de loi entraîne une augmentati­on des demandes [...] On essaie toujours de régler à l’amiable, mais il y a une lourdeur attachée à tout ça qui n’est pas toujours évidente [...] Quand les règles ne sont pas claires, l’interpréta­tion permet à peu près n’importe quoi», a exposé la présidente de la FMSQ.

REFUS

Dans les cas jugés déraisonna­bles, des tensions surviennen­t entre les médecins, les infirmière­s ainsi que les patientes et leurs familles. Les médecins n’hésitent pas à refuser les demandes qu’ils jugent déraisonna­bles.

«On m’a déjà demandé de laisser une étudiante en médecine faire un accoucheme­nt toute seule parce que le patron de garde était un homme. Ça n’arrivera pas, on n’accepte pas ça au Québec [...] Ça finit toujours de façon désagréabl­e, tout le monde est de mauvaise humeur», a confié Mme Francoeur.

Devant le refus du médecin, il arrive que les patientes retournent à la maison; certaines portent plainte au commissair­e aux plaintes dans les hôpitaux.

«Quand on annule son rendez-vous à la dernière minute, ceux qui attendent sur la liste? Est-ce qu’on doit mettre des balises et dire: on ne vous donnera pas d’autre rendez-vous, et dire: allez dans le privé et payez vos examens?» s’interroge Mme Francoeur.

MONTÉE DU RACISME?

Avant la FMSQ, l’auteure Djemila Benhabib est venue dire que le projet de loi no 62 allait entraîner une montée du racisme à l’endroit des musulmans modérés.

«Ce projet de loi va nourrir le racisme à l’endroit des musulmans [...] Les employeurs vont avoir peur de les embaucher. On veut nous enfermer dans une prison identitair­e», a dénoncé Mme Benhabib, qui est une musulmane reconnue comme militante pour la laïcité et d’origine algérienne.

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Diane Francoeur, présidente de la Fédération des médecins spécialist­es du Québec a interpellé la commission parlementa­ire hier.
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