L’histoire s’est écrite
Faut-il s’en étonner? À minuit, on n’était toujours pas capable de dire qui deviendrait le 45e président des États-Unis. Cela illustre la profonde division qui traverse l’Amérique.
Cette campagne très clivante a opposé deux portraits de cette Union qui se voudrait plus parfaite. Une vision positive de la nation la plus puissante du monde contre celle d’une Amérique qui ne s’aime plus.
UNE ÉLECTION DÉCHIRANTE
On l’aura dit et redit tout au long de cet interminable processus électoral qui nous aura menés à aujourd’hui: cette élection fut déchirante à plusieurs égards et pas seulement parce qu’elle opposait deux candidats mal aimés.
Ce sont en fait des factions qui s’affrontaient. Des fractions de clientèle qui forment de moins en moins un peuple, qui se détestent de plus en plus et qui ont de moins en moins envie de se parler.
Du côté de Trump, des blancs plus ou moins scolarisés qui s’estiment perdants de la mondialisation; des chrétiens fondamentalistes, qui se sont fait tirer l’oreille avant d’appuyer un candidat conservateur, mais que la haine de l’agenda libéral aura fini par rallier. Des gens qui veulent revenir à l’époque où ils trouvaient l’Amérique grande.
De l’autre, des clientèles plus urbaines, qui ne se reconnaissait même pas tant dans le camp démocrate qui lui était désigné. Qui s’attend à plus pour tant de groupes qui demeurent défavorisés.
Aujourd’hui, c’est cette division qui a gagné.
L’AMBIANCE
Au cours des derniers jours, on le sentait dans les rues de New York, la très démocrate. Un sentiment que le peuple américain n’avait pas l’élection qu’il méritait.
Comme des drapeaux en berne, les murailles et les affiches pro-Sanders qu’on peut encore apercevoir jusqu’à Philadelphie commencent déjà à s’affadir, alors que l’Amérique doit se réunir.
Les partisans d’Hillary Clinton étaient quand même enthousiastes, des ses locaux électoraux, ses rassemblements et en attendant d’entrer dans le Javits Center où leur championne s’est adressée à eux hier soir.
Le soleil de plomb et cet étonnant 70 degrés Fahreinheit de novembre leur donnait espoir.
Finalement, l’attente se poursuit.
LA SUITE
Ce matin, dans les grandes cités américaines, c’est de l’avenir dont on parlera déjà.
Alors que nous demeurons dans l’incertitude, nous prenons la mesure des défis qui attendent les États-Unis. Ce pays aussi grand et formé d’une telle diversité n’est pas près de réapprendre à parler d’une seule voix.
Fait-il rester optimiste en continuant de croire à la capacité de ce peuple extraordinaire? Faut-il plutôt accepter une image noire, celle de notre voisin qui a peur et qui se replie sur lui même?
Pour le meilleur et pour le pire, l’histoire s’est écrite hier. Une nouvelle page du grand récit de l’Amérique dont nous serons les témoins.
C’est en tout cas ce sentiment qu’on perçoit dans les rues de Manhattan et de Brooklyn.