Le Journal de Montreal

L’histoire s’est écrite

- claude villeneuve Blogueur des Spin Doctors claude.villeneuve@quebecorme­dia.com @vclaude Ex-rédacteur de discours de Pauline Marois

Faut-il s’en étonner? À minuit, on n’était toujours pas capable de dire qui deviendrai­t le 45e président des États-Unis. Cela illustre la profonde division qui traverse l’Amérique.

Cette campagne très clivante a opposé deux portraits de cette Union qui se voudrait plus parfaite. Une vision positive de la nation la plus puissante du monde contre celle d’une Amérique qui ne s’aime plus.

UNE ÉLECTION DÉCHIRANTE

On l’aura dit et redit tout au long de cet interminab­le processus électoral qui nous aura menés à aujourd’hui: cette élection fut déchirante à plusieurs égards et pas seulement parce qu’elle opposait deux candidats mal aimés.

Ce sont en fait des factions qui s’affrontaie­nt. Des fractions de clientèle qui forment de moins en moins un peuple, qui se détestent de plus en plus et qui ont de moins en moins envie de se parler.

Du côté de Trump, des blancs plus ou moins scolarisés qui s’estiment perdants de la mondialisa­tion; des chrétiens fondamenta­listes, qui se sont fait tirer l’oreille avant d’appuyer un candidat conservate­ur, mais que la haine de l’agenda libéral aura fini par rallier. Des gens qui veulent revenir à l’époque où ils trouvaient l’Amérique grande.

De l’autre, des clientèles plus urbaines, qui ne se reconnaiss­ait même pas tant dans le camp démocrate qui lui était désigné. Qui s’attend à plus pour tant de groupes qui demeurent défavorisé­s.

Aujourd’hui, c’est cette division qui a gagné.

L’AMBIANCE

Au cours des derniers jours, on le sentait dans les rues de New York, la très démocrate. Un sentiment que le peuple américain n’avait pas l’élection qu’il méritait.

Comme des drapeaux en berne, les murailles et les affiches pro-Sanders qu’on peut encore apercevoir jusqu’à Philadelph­ie commencent déjà à s’affadir, alors que l’Amérique doit se réunir.

Les partisans d’Hillary Clinton étaient quand même enthousias­tes, des ses locaux électoraux, ses rassemblem­ents et en attendant d’entrer dans le Javits Center où leur championne s’est adressée à eux hier soir.

Le soleil de plomb et cet étonnant 70 degrés Fahreinhei­t de novembre leur donnait espoir.

Finalement, l’attente se poursuit.

LA SUITE

Ce matin, dans les grandes cités américaine­s, c’est de l’avenir dont on parlera déjà.

Alors que nous demeurons dans l’incertitud­e, nous prenons la mesure des défis qui attendent les États-Unis. Ce pays aussi grand et formé d’une telle diversité n’est pas près de réapprendr­e à parler d’une seule voix.

Fait-il rester optimiste en continuant de croire à la capacité de ce peuple extraordin­aire? Faut-il plutôt accepter une image noire, celle de notre voisin qui a peur et qui se replie sur lui même?

Pour le meilleur et pour le pire, l’histoire s’est écrite hier. Une nouvelle page du grand récit de l’Amérique dont nous serons les témoins.

C’est en tout cas ce sentiment qu’on perçoit dans les rues de Manhattan et de Brooklyn.

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Un bureau de vote de Brooklyn, hier.
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