Le Journal de Montreal

L’autre controvers­e de l’ADISQ

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Depuis une semaine, on n’entend parler que de la controvers­e du t-shirt et des sacres au Gala de l’ADISQ.

Mais il y a autre chose à propos du gala 2016 qui me chicote encore, une semaine et demie plus tard: comment se fait-il que ce soir-là, on n’ait pas rendu hommage aux grands disparus?

LES DISPARUS ONT DISPARU

Des lecteurs m’écrivent pour me demander où étaient les hommages à Bob Bissonnett­e (pour les plus jeunes) ou Lucille Dumont (pour les plus vieux).

J’ai posé la question à Marc Pichette de Radio-Canada: «Le comité artistique, qui structure le Gala de l'ADISQ pour la télé, a dû tenir compte de contrainte­s de temps en raison de l'ampleur de l'hommage à René Angélil, rehaussé par la présence et la prestation de Céline Dion. C'est pourquoi il n'y a pas eu de segment In Memoriam, ni d'ailleurs de retour sur les Félix remis le jeudi soir. L’ADISQ a tenu à préciser que ça fait deux ans que ce segment ne fait pas partie du gala. Un segment du numéro d'ouverture du Premier Gala (diffusé à Télé-Québec le jeudi 27 octobre) a été consacré à Pierre Lalonde».

Monsieur Angélil était un monument, un gérant d’artiste exceptionn­el pour la plus grande star que le Québec ait connue et je ne remets pas du tout en cause l’hommage, très digne et très mérité, qui lui a été rendu.

Mais n’est-ce pas un peu triste pour les proches des autres artistes décédés de se faire dire qu’il ne restait pas assez de temps pour honorer leur mémoire, parce qu’on avait pris toutes les minutes dont on disposait pour honorer monsieur Angélil?

Julie Gariépy, productric­e exécutive et directrice des Galas de l’ADISQ, plaide les contrainte­s de temps: «La durée du gala a tellement été revue avec le diffuseur que pour garder le même nombre de performanc­es et le même temps au présentate­ur, on a dû éliminer les autres segments».

Par contre, elle me confirme que pour les six autres personnes disparues au cours des derniers mois, l'ADISQ a souligné leur départ dans un In Memoriam à l'intérieur du programme souvenir de la soirée.

Il s’agit de l’auteur-compositeu­r-interprète Bob Bissonnett­e (La machine à scorer), du parolier Roger Tabra

(Mon Ange), de l’animatrice et chanteuse Lucille Dumont, de l’interprète Steve Fiset (Les chemins d’été), du rigolo Normand L’Amour et du roi du drum Guy Nadon.

Pensez-vous vraiment qu’une grande dame de la chanson comme Lucille Dumont ne méritait rien de plus qu’une mention dans un programme papier distribué aux invités du gala ?

Un dernier hommage, à la télé, un moment de recueillem­ent pour les artistes musiciens qui ont marqué nos vies, chacun à leur façon, il me semble que ce serait la moindre des choses.

AVEC LE TEMPS...

Et si on mettait de la pression sur Radio-Canada pour que l’année prochaine, un véritable segment In Memoriam soit réintégré au gala de l’ADISQ ? Cette année, Céline Dion a chanté les mots de Léo Ferré: «Avec le temps, va, tout s'en va, on oublie le visage et l'on oublie la voix».

Avec un segment In Memoriam, aux prochains galas de l’ADISQ, pendant quelques instants, on n’oublierait ni les visages ni les voix.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada