Pas si simple pour un Américain d’immigrer ici
Le processus administratif est long et complexe, expliquent deux spécialistes
Les Américains voulant déménager au Canada après l’élection de Donald Trump devraient attendre si longtemps pour y parvenir que les prochaines élections pointeraient déjà le bout de leur nez.
«Si c’est un travailleur qualifié, [le processus d’immigration] prend environ deux ans», explique l’avocat spécialisé en immigration Stéphane Handfield.
Et qu’il s’agisse d’un Américain, d’un Anglais ou d’un Algérien, les règles sont les mêmes, ajoute-t-il.
«C’est assez ardu et compliqué, confirme Me Jean-Sébastien Boudreault, président de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration. Le temps de traiter les demandes, on risque de voir le début des prochaines élections.»
Voilà qui pourrait refroidir les ardeurs de la chanteuse Barbra Streisand, l’actrice Lena Dunham et l’écrivain Stephen King, qui avaient menacé de déménager en cas de victoire du milliardaire. Les célébrités Chloe Sevigny, Keegan-Michael Key et Neve Campbell avaient fait de même.
QUESTIONNEMENTS
Sur les réseaux sociaux, le sujet balançait entre sérieux et humour. «Sentez-vous libre de déménager au Canada, nous avons les soins gratuits, la poutine, le sirop d’érable et le bon côté des chutes du Niagara», a par exemple écrit Julia Wild sur Twitter.
«Si Donald gagne, moi, je bâtis un mur et je lui envoie la facture», avait averti lundi, en plaisantant, le maire de Montréal Denis Coderre.
Il a renchéri mardi, en invitant les Américains déçus du résultat du vote à passer au Bureau d’intégration des nouveaux arrivants de Montréal.
«S’il y a des gens qui veulent venir davantage à Montréal, ça va me faire plaisir, a ensuite lancé le maire en conférence de presse ce mercredi. Et ça tombe bien, on a un Bureau d’intégration des nouveaux arrivants. On peut faire des heures supplémentaires pour les recevoir, même le site d’Immigration Canada a lâché [mardi soir].»
POINTAGE
Mais ceux qui voudraient passer de la parole aux actes doivent toutefois savoir qu’au Canada et au Québec, il existe un système de pointage pour accueillir des immigrants en tant que travailleur qualifié.
Plusieurs facteurs sont pris en compte, comme l’éducation, la langue, l’âge et le travail. «C’est un programme très contingenté», assure Me Boudreault tout en ajoutant que pour le moment, personne ne peut de toute façon postuler.
Un immigré pourrait aussi passer par un processus de parrainage, explique Me Handfield, mais encore là, les délais sont longs. Le plus simple, dit-il, serait de venir en touriste. Mais un tel immigrant a intérêt à être riche, puisqu’il lui serait interdit d’étudier ou de travailler.
– Avec le 24 Heures et l’AFP