Trump rit dans sa barbe et les vedettes ravalent
Jimmy Fallon, Saturday Night Live, tous les standup comics et les caricaturistes l’ont tourné en ridicule. Son toupet jaune a fait le tour du monde. Les animateurs de télévision et les vedettes les plus connues, de Barbra Streisand à Bruce Springsteen, de Beyoncé à Robert de Niro l’ont affublé de tous les noms. Avec une certaine arrogance, les grands journaux américains ont mis leurs lecteurs en garde contre lui. Le «petit peuple» n’en a pas moins élu Donald Trump avec une confortable majorité.
Voilà qui en dit long sur la méfiance qu’entretient désormais le monde ordinaire à l’endroit des vedettes, de l’élite et des médias traditionnels qu’il juge complètement déconnectés. Loin d’éloigner les électeurs, cette hargne quasi universelle contre Trump a galvanisé l’électorat américain en sa faveur.
Depuis que la télévision existe, jamais je n’ai vu une soirée électorale où les commentateurs, les analystes et les experts avaient un visage aussi long. Même des animateurs de Radio-Canada qu’on sait péquistes ont toujours réussi à conserver une petite gêne les soirs de victoire libérale. Mardi soir, autant sur les réseaux canadiens qu’américains — sauf Fox News —, les analystes avaient tous la mine déconfite. Le ciel leur tombait sur la tête.
LES ÉLECTEURS SE VENGENT
Les réseaux sociaux donnent une voix à ceux qui n’en avaient jamais eu. Ces révoltés, qui regardent avec réconfort des inconnus devenir des vedettes instantanées dans les téléréalités, ne se privent plus de faire connaître leur opinion sur le gouvernement et les élites. Quand arrive une élection, ces gens en colère prennent un malin plaisir à faire mentir les sondages et à se venger dans les urnes, encore plus anonymes que les réseaux sociaux.
Les sondeurs vont devoir apprendre à lire et interpréter les réseaux sociaux qui révèlent les vraies humeurs d’un public en colère. Depuis leur existence, les sondages ne cessent de faire patate. Ils ont failli mardi, ils ont failli lors du Brexit, failli en 2015 lors de l’élection de David Cameron en Grande-Bretagne et du parti d’Erdogan en Turquie, failli aussi, l’an dernier, en prédisant un gouvernement minoritaire libéral à Ottawa! La météo est devenue plus fiable qu’eux.
UN PRINCIPE ÉPROUVÉ
Donald Trump a d’instinct mis à profit l’adage qu’on attribue à Kelly Johnson, un ingénieur aéronautique américain: KISS (Keep it simple and stupid)! Ce principe, Trump l’a appliqué tout au long de sa campagne. Il a répété jusqu’à plus soif les mêmes arguments simplistes. Les commentateurs, sans se lasser, les réfutaient avec des phrases savantes qui passaient cent pieds par-dessus la tête de la plupart des Américains.
C’est la télévision et les médias traditionnels qui ont fait la grande popularité de Donald Trump. Ce dernier se moquait comme de l’an quarante qu’on parle de lui en mal ou en bien pourvu qu’on en parle. Les prochains sondages devront tenir compte que plus on parle d’un candidat, plus il a de chances de l’emporter.
La télévision française a dû le comprendre, elle qui fait comme si Marine Le Pen n’existait pas. Pour l’instant du moins.
TÉLÉPENSÉE DU JOUR
Geda, le petit singe chinois, avait prédit la victoire de Trump. Vite, Jean-Marc Léger, il faut l’acheter!