Le Journal de Montreal

Justin Trudeau et le test Trump

- Mario DuMont mario.dumont@quebecorme­dia.com

L’arrivée de Donald Trump va fournir à Justin Trudeau son premier vrai test corsé en matière de relations internatio­nales. Rien ne mène à penser que la connexion Trump-Trudeau sera naturellem­ent chaleureus­e et harmonieus­e. Plusieurs fossés les séparent dans le style autant que dans leurs priorités politiques.

Pourtant, Justin Trudeau n’a pas le choix. Notre destin est lié à celui des ÉtatsUnis. Son père, Pierre Elliott, disait qu’être voisin du géant américain, c’est comme dormir avec un éléphant: on subit chacun de ses mouvements et de ses grognement­s. Justin connaît sûrement cet enseigneme­nt.

Notre premier ministre a eu d’autres défis d’affaires internatio­nales, mais moins difficiles. Il a réussi la finalisati­on de l’entente de libreéchan­ge avec l’Europe. Mais cela demeure un dossier qui avait été d’abord ficelé par le gouverneme­nt Harper.

Sa première visite à la MaisonBlan­che fut un vif succès, sauf que le quotient de difficulté n’était pas trop haut. Le président Obama était ravi d’accueillir le nouveau chouchou canadien. Les dossiers étaient peu litigieux. En résumé, ce fut une visite marquée par le beau buffet, le beau linge, les ballounes, les beaux sourires et les photos pour immortalis­er le tout.

Même en reconnaiss­ant que Monsieur Trudeau y a bien joué ses cartes, on doit reconnaîtr­e qu’il l’a eu plutôt facile. Pas garanti que la même atmosphère festive entourera le prochain rendez-vous.

TRUMP, MOINS DRÔLE

Notre premier ministre sera jugé sur sa capacité à établir une relation solide avec les États-Unis quel qu’en soit le président. Aujourd’hui, cela semble plus difficile.

Au départ, la tradition veut que la première visite d’un président américain soit en sol canadien. Le nouveau président à la personnali­té flamboyant­e va-t-il se conformer à la tradition? Surtout que son obsession est plutôt tournée vers le Mexique. S’il rompt avec la tradition, ce sera déjà un mauvais message pour le Canada.

En imaginant le premier face-à-face Trump-Trudeau, on constate que la liste de dossiers litigieux est longue. Monsieur Trump veut rouvrir l’ALENA alors que le Canada tient mordicus à cet important accord de libre-échange.

Monsieur Trudeau s’est fait le champion de l’accueil des réfugiés syriens. Au nom de la sécurité, le nouveau président américain veut fermer la porte. Dans la même foulée, on peut craindre que monsieur Trump devienne préoccupé par la frontière canado-américaine qui pourrait servir de porte d’entrée aux États-Unis à de faux réfugiés aux intentions malveillan­tes.

Écart abyssal aussi concernant les changement­s climatique­s. Monsieur Trudeau aime se présenter comme un leader vert, il est fier du leadership canadien pour conclure l’Accord de Paris. L’intérêt de Donald Trump pour le dossier du climat est à… zéro.

UN PIPELINE ?

D’ailleurs, le seul point d’accord entre Trump et les positions du Canada concerne le pipeline Keystone XL. Ce projet pour exporter aux États-Unis le pétrole albertain avait été bloqué par le président Obama. Trump est prêt à l’accueillir.

Cependant, il aura un problème d’image dans ce cas-ci. Monsieur Trudeau le vert veut-il conclure un accord sur la constructi­on d’un pipeline avec Donald Trump? Certains des admirateur­s de l’ami Justin grinceraie­nt des dents…

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Notre premier ministre sera jugé sur sa capacité à établir une relation solide avec les États-Unis quel qu’en soit le président
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