Le Journal de Montreal

Un salaire minimum à 15 $ nuirait plus qu’il n’aiderait, dit le CPQ

Une étude évoque des risques de pertes d’emplois réels

- MartinE turEnnE

L’économie québécoise et ceux dont on souhaite améliorer le sort subiraient plus de dommages que de bénéfices d’une hausse rapide du salaire minimum à 15 $ de l'heure.

C’est ce que conclut le CPQ (Conseil du patronat du Québec) qui a mené une étude, de pair avec des représenta­nts des secteurs du commerce de détail, de la restaurati­on et de l’agroalimen­taire.

Les risques de pertes d’emplois et de réduction des heures travaillée­s, donc, à une augmentati­on de la précarité, sont réels.

«On fait entrer un éléphant dans un magasin de porcelaine, on paye collective­ment pour la casse, tout ça pour quoi?», demande le président-directeur général du CPQ, Yves-Thomas Dorval.

Justifier une augmentati­on du salaire minimum pour améliorer la condition des personnes à bas revenus «est, au mieux, un levier de progressio­n sociale très incertain, aux effets collatérau­x plus négatifs que positifs, et, au pire, un moyen susceptibl­e de nuire à ceux dont on espère améliorer le sort», dit-il.

On assisterai­t à l’augmentati­on des salaires, ainsi que du revenu disponible des ménages, dans un premier temps. Mais cela s’estomperai­t par la suite, au point d’observer ultimement un effet «feu de paille».

DIMINUTION DES EXPORTATIO­NS

Le CPQ prévoit aussi une diminution des exportatio­ns et des bénéfices des entreprise­s, due à la hausse des coûts des entreprise­s et la baisse de leur compétitiv­ité, ainsi que du PIB réel.

«Dans les faits, et c’est notre conclusion la plus troublante, bien qu’il puisse y avoir quelques gagnants d’une telle mesure, on observe une diminution du pouvoir d’achat pour l’ensemble des ménages québécois», dit Yves-Thomas Dorval.

Tous les secteurs ne sont pas égaux advenant une augmentati­on rapide du salaire minimum.

La restaurati­on a besoin d’une maind’oeuvre importante. Les salaires représente­nt 35 % des coûts d'exploitati­on. «Si les taux du salaire minimum augmentent trop brusquemen­t, les gestionnai­res de restaurant­s n'auront pas d’autre choix que de prendre les moyens nécessaire­s pour maintenir leur rentabilit­é», dit Claude Gauthier, président du conseil d’administra­tion de l’Associatio­n des restaurate­urs du Québec (ARQ).

Il invoque une diminution des heures des employés, une réduction des heures d'ouverture et d’éventuelle­s mises à pied.

COMMERCE DE DÉTAIL

Le commerce de détail se dit très sensible à une hausse importante du salaire minimum. «Cela aurait un impact majeur pour les détaillant­s, mais c’est aussi l’ensemble de la chaîne d’approvisio­nnement qui serait affecté», dit Diane J. Brisebois, présidente et directrice générale du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).

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Ils étaient des centaines dans les rues de Montréal, le mois dernier, à marcher pour réclamer une hausse du salaire minimum à 15 $ de l’heure.

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