Un salaire minimum à 15 $ nuirait plus qu’il n’aiderait, dit le CPQ
Une étude évoque des risques de pertes d’emplois réels
L’économie québécoise et ceux dont on souhaite améliorer le sort subiraient plus de dommages que de bénéfices d’une hausse rapide du salaire minimum à 15 $ de l'heure.
C’est ce que conclut le CPQ (Conseil du patronat du Québec) qui a mené une étude, de pair avec des représentants des secteurs du commerce de détail, de la restauration et de l’agroalimentaire.
Les risques de pertes d’emplois et de réduction des heures travaillées, donc, à une augmentation de la précarité, sont réels.
«On fait entrer un éléphant dans un magasin de porcelaine, on paye collectivement pour la casse, tout ça pour quoi?», demande le président-directeur général du CPQ, Yves-Thomas Dorval.
Justifier une augmentation du salaire minimum pour améliorer la condition des personnes à bas revenus «est, au mieux, un levier de progression sociale très incertain, aux effets collatéraux plus négatifs que positifs, et, au pire, un moyen susceptible de nuire à ceux dont on espère améliorer le sort», dit-il.
On assisterait à l’augmentation des salaires, ainsi que du revenu disponible des ménages, dans un premier temps. Mais cela s’estomperait par la suite, au point d’observer ultimement un effet «feu de paille».
DIMINUTION DES EXPORTATIONS
Le CPQ prévoit aussi une diminution des exportations et des bénéfices des entreprises, due à la hausse des coûts des entreprises et la baisse de leur compétitivité, ainsi que du PIB réel.
«Dans les faits, et c’est notre conclusion la plus troublante, bien qu’il puisse y avoir quelques gagnants d’une telle mesure, on observe une diminution du pouvoir d’achat pour l’ensemble des ménages québécois», dit Yves-Thomas Dorval.
Tous les secteurs ne sont pas égaux advenant une augmentation rapide du salaire minimum.
La restauration a besoin d’une maind’oeuvre importante. Les salaires représentent 35 % des coûts d'exploitation. «Si les taux du salaire minimum augmentent trop brusquement, les gestionnaires de restaurants n'auront pas d’autre choix que de prendre les moyens nécessaires pour maintenir leur rentabilité», dit Claude Gauthier, président du conseil d’administration de l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ).
Il invoque une diminution des heures des employés, une réduction des heures d'ouverture et d’éventuelles mises à pied.
COMMERCE DE DÉTAIL
Le commerce de détail se dit très sensible à une hausse importante du salaire minimum. «Cela aurait un impact majeur pour les détaillants, mais c’est aussi l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement qui serait affecté», dit Diane J. Brisebois, présidente et directrice générale du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).