Sous les feux de la rampe
Le professionnel Pierre-Luc Gagnon fait l’objet d’un documentaire sur sa vie
Nul n’est prophète en son pays. Glissez-en un mot à Pierre-Luc Gagnon, ce Québécois qui a dû quitter le Canada il y a 16 ans pour vivre son rêve de devenir skateboarder professionnel.
Vingt et une médailles aux X Games et plusieurs millions de dollars plus tard, celui que l’on surnomme «PLG», est une véritable rockstar aux États-Unis dans sa discipline.
Mais le Bouchervillois est encore très méconnu ici.
Dans le documentaire PLG – Au sommet de la rampe, qui sera télédiffusé ce dimanche à Canal D, la carrière de ce virtuose de la rampe verticale est passée au peigne fin avec justesse et émotions.
«J’ai rencontré Pierre-Luc il y a trois ans dans le cadre du documentaire Skatepark, souligne le réalisateur Simon Coutu au Journal. Nous suivions des jeunes qui gravitaient autour du skatepark de Boucherville, construit par le père de Pierre-Luc. Après ce projet-là, j’ai constaté que j’avais assez de matériel pour faire un documentaire sur la vie Pierre-Luc.»
ÉMOTIONS
Le tournage du documentaire s’est échelonné sur une période d’un an et demi, mais il parvient à couvrir les 36 années d’existence du protagoniste.
De son enfance à faire des pirouettes dans la cour arrière jusqu’à la naissance de son fils Léo, en passant par son ascension dans le monde du skateboard, la relation avec son père et une importante blessure à la jambe, «PLG» s’exprime sans retenue et surtout sans détour.
«C’est fou de voir tout le chemin que j’ai parcouru depuis les 20 dernières années, constate Gagnon. C’est incroyable. Ça me rend très émotif de revoir de vieilles vidéos de mon enfance.»
Des sommités du skateboard comme Tony Hawk et Danny Way prennent d’ailleurs la parole.
COMPTES À RÉGLER ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le documentaire de 45 minutes part en force. Il n’y a qu’une minute d’écoulée que déjà Pierre-Luc Gagnon et son père règlent leur compte avec les médias québécois.
«Pourquoi les médias canadiens et québécois, surtout, ne le couvrent pas [le skateboard]? se questionne son père Denis. Il faudrait leur demander à eux autres. Parce que ce n’est pas “olympique’’? F..., il n’y a pas que les Olympiques!» «PLG» prend à son tour le bâton. «Je trouve que les médias à Montréal sont déconnectés, dit-il. Ils sont un peu arriérés, car ils parlent de hockey au mois d’août. Je ne reviens pas souvent au Québec […], parce que personne ne s’intéresse à ce que je fais ici.» Bref, on sent qu’il a le coeur lourd.
SE SENTIR BOUDÉ
Force est d’admettre qu’il y a beaucoup d’ironie dans le fait de convier les médias, cet «ennemi juré», à promouvoir le documentaire.
Peut-on comprendre que «PLG» souhaite enterrer la «hache de guerre» et se réconcilier avec les «apôtres» de l’information?
«Avec le documentaire, j’essaie de faire réaliser aux médias québécois qu’ils ont dormi sur plusieurs choses qui se passaient à l’extérieur de leur bulle, mentionne-t-il. C’est une manière de leur faire comprendre qu’ils ne se sont pas vraiment occupés de certains sports pour la jeunesse québécoise.
«Tous les jeunes me connaissaient au Québec, mais les médias ne me connaissaient pas du tout, a-t-il ajouté. Les médias traditionnels se concentraient sur les sports traditionnels, ils ne voulaient pas s’aventurer sur rien de nouveau.
Mais lorsque l’auteur de ces lignes lui fait remarquer qu’il a déserté sa terre natale il y a 16 ans, celui-ci modère son propos.
«C’est sûr que ça ne m’aide pas de ne pas vivre à Montréal, reconnaît-il. En même temps, je n’avais aucun support de commanditaires et il n’y avait pas de compétition ici. Alors oui, je peux comprendre pourquoi.»