Ils considèrent Donald Trump comme leur grand sauveur
Le Journal s’est rendu en Pennsylvanie discuter avec les électeurs du milliardaire
ROCHESTER, Pennsylvanie | Ils ont perdu leur emploi, ils ont vu leur ville se vider et les peurs s’accumuler. Des hommes blancs en colère qui en avaient assez d'être laissés de côté ont pris leur revanche en donnant la présidence des ÉtatsUnis à Donald Trump, «leur seul espoir de changement».
«Notre région au complet est en chute libre. Il y a une énorme frustration parmi nous parce que les emplois quittent nos villes et nous nous sentons abandonnés par Washington, qui n’a jamais rien fait pour trouver une solution», laisse tomber le shérif de Beaver County, Tony Guy.
Au moment où le monde entier se remet du choc de l’élection surprise du controversé Donald Trump mardi, Le Journal est allé à la rencontre des résidents de petites villes rurales en Pennsylvanie et en Ohio, où les républicains ont dominé le vote populaire contre toute attente.
Les données ont ensuite révélé qu’une majorité de ceux qui ont porté au pouvoir le milliardaire avaient un profil semblable. Pas de diplôme universitaire, blanc et hétérosexuel pour la plupart, tous ont dit vouloir à tout prix du changement.
«En 2008 avec Barack Obama, les gens voulaient de l’espoir et du changement, se souvient Tony Guy. En 2016, nous les Pennsylvaniens avons voté pour Donald Trump parce qu’il est le seul espoir qui reste.»
« GRANDE VICTOIRE »
Jeudi soir, le petit local du Republican Committee of Beaver County, à une demiheure au nord de Pittsburgh, se vidait tranquillement après une rencontre festive. C’était la première depuis la «grande victoire» de Trump.
Selon M. Guy, qui vote républicain depuis 1980, c’est un véritable exil qui afflige les régions rurales de la Pennsylvanie depuis la fermeture d’importantes usines et mines il y a plus d’une décennie.
La campagne souffre, et les résidents avaient l’impression que le gouvernement démocrate d’Obama les avait abandonnés. Et soudainement, Donald Trump est arrivé.
«Trump, lui, est venu donner des discours chez nous. Il s’est intéressé à nos enjeux, a promis de rouvrir les mines de charbon et de ramener les industries de la Chine aux ÉtatsUnis. Il promet plus d’emplois, et comme c’est un homme d’affaires, il sait comment faire», s’excite l’homme de 55ans qui a vécu toute sa vie dans la même ville.
PEUR DES ÉTRANGERS
Même si la Pennsylvanie est à des milliers de kilomètres du Mexique et du MoyenOrient, les politiques de Trump envers l’immigration ont beaucoup résonné en Pennsylvanie, croit le shérif.
«Il faut resserrer les règles et empêcher les personnes d’entrer illégalement dans notre pays pour ensuite profiter du système», déclare-t-il.
Questionné par rapport aux propos incendiaires de Trump envers les réfugiés syriens et les musulmans, le shérif se fait plus timide.
«J’avoue qu’il y a une certaine inquiétude ici par rapport aux réfugiés qui entrent en masse, de la peur même. Il faut que ces gens soient bien vérifiés avant de les laisser entrer chez nous», explique le shérif en baissant les yeux, gêné.
«Oui, certaines choses que Trump a dites m’ont fait frémir. Mais ses vices n’ont jamais été aussi graves que ceux de Hillary Clinton la corrompue», ajoute-t-il d’un ton ferme.