Le Journal de Montreal

Les électeurs de Trump se sentent oubliés par l’État

- Hugo DucHaine

Les électeurs qui ont porté Trump au pouvoir ont l’impression que la société est injuste envers eux et qu’elle les a oubliés, selon des experts.

«Ils se sentent vulnérable­s et ils ont peur, mais pourquoi? Les hommes blancs ont le monde à leur pied», s’interroge en riant le politologu­e Graham Dodds de l’Université Concordia.

VOTE MASSIF

Les sondages à la sortie des bureaux de vote montrent que les hommes et femmes blancs peu éduqués ont voté massivemen­t pour Donald Trump.

M. Dodds souligne que par le passé aux États-Unis, un homme sans études universita­ires pouvait se trouver un emploi de col bleu bien rémunéré et syndiqué. «Ils se sentent volés», dit-il, car ces emplois sont aujourd’hui rares.

Il rappelle que même si M. Trump leur a promis de «ramener ces emplois», les usines ferment depuis plusieurs décennies aux États-Unis et que le libre-échange n’est pas seulement à blâmer.

«Je viens de Philadelph­ie et je me souviens de Bill Clinton en 1992 qui disait aux ouvriers d’avoir une autre formation et de travailler avec les ordinateur­s», se souvient-il.

INVISIBLES

Pour le sociologue politique Jacques Beauchemin, le plus grand succès de Donald Trump est d’avoir parlé à des Américains qui se sentent «invisibles». «Les médias parlent des immigrants, des Noirs et des homosexuel­s, et cette classe ouvrière en difficulté se sent oubliée», dit le professeur de l’UQAM.

«Ils sont les grands perdants de la société américaine. Ils ont perdu un emploi avec la récession et ils en ont retrouvé un précaire. Ils ont perdu leur maison en 2008», dit-il.

Même s’il s’agit de la même réalité pour des nouveaux arrivants aux ÉtatsUnis, cette classe ouvrière blanche, dit-il, a la fantaisie de croire que les immigrants sont mieux traités par des programmes d’aide.

«La plateforme de Clinton était plus réaliste pour la création d’emplois, mais les gens n’ont pas voté pour Trump pour ses promesses, mais par rébellion», croit Véronique Pronovost de la Chaire Raoul-Dandurand.

Selon elle, le nouveau président élu des États-Unis a su jouer sur les perception­s et les émotions. Elle reconnaît que les conditions de vie des nombreux Américains se sont détériorée­s depuis 2008 et qu’elles tardent à s’améliorer.

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véronique pronovost Politologu­e

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