Moins d’hommes en gynécologie
Autrefois majoritaires, les obstétriciens de moins de 40 ans semblent déserter cette spécialité
Les gynécologues masculins sont en voie de disparition, notamment parce que beaucoup de patientes préfèrent consulter une femme.
«Ce qui peut rebuter [des étudiants à choisir l’obstétrique-gynécologie], c’est le fait de ne pas se sentir acceptés», observe le Dr Guy Waddell, directeur de ce département à l’Université de Sherbrooke.
En effet, le nombre d’hommes qui font ce choix au Québec tend à baisser radicalement depuis deux décennies. Un peu plus de 40 % des gynécologues sont des hommes, une proportion presque deux fois moindre qu’en 1998. De plus, cette proportion tombe à 16 % chez les médecins de moins de 40 ans, selon les dernières données du ministère de la Santé datant de 2014. Cette année-là, un total d’un peu plus de 500 gynécologues exerçaient au Québec.
FÉMINISATION
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette désertion, comme le fait que, de globalement, les hommes sont de moins en moins présents en médecine. Mais plusieurs spécialistes interrogés croient que cela ne suffit pas à expliquer la tendance.
À l’époque où pratiquement tous les docteurs étaient des hommes, les patientes n’exprimaient donc pas de préférence quant au sexe de leur médecin, rappelle le Dr Waddell. Mais maintenant que près de la moitié des médecins du Québec sont des femmes, les patientes qui ne sont pas en situation d’urgence peuvent choisir d’être suivies par une femme, explique-t-il.
«Il y a cette croyance que seule une femme peut comprendre le corps d’une femme et c’est dommage, déplore George D. Carson, le président de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Personne n’aime ce biais, y compris les femmes médecins. Elles veulent être consultées parce qu’elles sont de bonnes spécialistes et non parce qu’elles sont des femmes.»
PEUR DES PRÉJUGÉS
Le Dr Mihnea Gangal, 30 ans, a lui-même hésité avant de choisir cette spécialité. «Il y a des étudiants qui hésitent à aller en gynéco parce qu’ils ont peur qu’on les juge», dit-il.
Au sein de la communauté étudiante, il existe certains préjugés réduisant la gynécologie et l’obstétrique à l’examen d’une succession de vagins, ironise Dr Gangal. Certains jeunes hommes peuvent donc craindre de paraître louches s’ils se dirigent vers ce domaine, qui est pourtant beaucoup plus complexe et varié qu’il n’y paraît (voir autre article).
Malgré les croyances et préjugés, certaines patientes avouent toutefois préférer consulter un homme. «Par exemple, on m’a déjà dit qu’on faisait plus attention de ne pas faire mal [pendant l’examen]», illustre le Dr Gangal.