Le Journal de Montreal

Les champions du règlement de compte

Les Hells Angels Ont Commis Le Quart Des Meurtres Liés Au Crime Organisé Au Québec En 60 Ans

- Eric Thibault EThiBAultJ­DM eric.thibault@quebecorme­dia.com

Les Hells Angels dominent le Palmarès des règlements de Compte meurtriers Commis Au Québec depuis une Soixantain­e d’Années, loin Devant 60 Autres Organisati­ons Criminelle­s.

C’est l’un des constats d’une recherche minutieuse effectuée par un criminolog­ue diplômé de l’Université de Montréal, Guillaume Jasmin, qui a recensé pas moins de 1238 meurtres résultant d’un règlement de compte dans la province, entre 1953 et 2013.

Établis au Québec depuis 1977, les Hells seraient responsabl­es du quart (24,6 %) des 501 assassinat­s dont les auteurs ont pu être associés à un groupe du crime organisé par la police, selon le mémoire de maîtrise de M. Jasmin intitulé Soixante ans de règlements de compte au Québec.

LA MAFIA AU 6e RANG

Le redoutable clan de la famille Dubois – qui fut actif à Montréal des années 1960 à 1980 et dont le tueur à gages Donald Lavoie a admis 27 meurtres lorsqu’il est devenu délateur – vient au second rang avec 21 % de ces crimes.

Les gangs de rue suivent avec 14 %, d’après la compilatio­n que l’auteur a menée à partir de journaux et de sites web.

La mafia montréalai­se n’arrive qu’en 6e place des organisati­ons les plus violentes (38 meurtres), malgré sa longévité plus importante que les groupes précédents.

Elle est précédée par le gang de l’Ouest (49) et les Rock Machine (40), deux groupes pour lesquels le tueur à gages Gérald Gallant a commis en tout une vingtaine de contrats de meurtre.

PLUS DE VICTIMES AUSSI

Mais selon l’auteur, la liste des cibles des règlements de compte fait ressortir «un fait saisissant». Un quart des victimes dont l’affiliatio­n criminelle était connue des autorités sont également reliées aux Hells Angels.

Cela résulte notamment des conflits meurtriers de la bande de motards avec ses concurrent­s des Outlaws, qui ont été évincés de la province au milieu des années 80, et des Rock Machine pour le contrôle du marché de la drogue pendant la majeure partie des années 1990.

En comparaiso­n, 13 % des victimes associées au crime organisé étaient liées aux gangs de rue et 12 % à la mafia.

C’est ce qui amène Guillaume Jasmin à avancer que «les groupes qui sont plus victimisés sont aussi ceux qui tuent le plus».

LES INDÉPENDAN­TS CIBLÉS

Le criminolog­ue souligne aussi que «la grande majorité des gens éliminés» dans les 1238 règlements de compte répertorié­s (62 %) n’avaient pas d’affiliatio­ns criminelle­s connues.

Cela laisse sous-entendre que «le crime organisé québécois n’est pas aussi structuré que l’on pourrait le croire», écrit M. Jasmin.

«Nos résultats viennent mettre en évidence que les indépendan­ts semblent occuper des rôles importants dans différente­s sphères criminelle­s», ajoute-t-il.

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