Le Journal de Montreal

Trump : cinquante nuances de jaune

- Richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

On dirait un mauvais roman d’espionnage.

Tout y est: l’argent, le pouvoir, des prostituée­s, des caméras cachées, des agents russes et britanniqu­es.

Et même des «pratiques sexuelles débridées, impliquant des fluides corporels», comme le disait avec tact Pierre-Olivier Zappa à LCN hier matin.

Ne manque plus qu’une jolie espionne chinoise, et on se croirait dans un vieux IXE-13.

On savait que Donald Trump aimait le doré, mais à ce point?

LA RÉALITÉ DÉPASSE LA FICTION

Fabienne Larouche raconterai­t une histoire du genre dans une de ses séries, et tout le monde dirait: «Woah, woah, capitaine!»

Quelque chose me dit que les prochaines années seront extrêmemen­t «distrayant­es», comme dirait René Homier-Roy. Si le présent est garant de l’avenir, Trump risque de pousser tous les scénariste­s américains au chômage!

En effet, même leur plus folle imaginatio­n ne pourra concurrenc­er la réalité.

Ce n’est plus HBO qu’il faudra regarder pour avoir notre dose quotidienn­e d’intrigues, de chocs et de divertisse­ment, mais CNN.

Vous avez vu la conférence de presse de Trump hier? On aurait dit le Bye Bye avec des gags!

«Je serai le plus grand créateur d’emplois que Dieu a jamais créé…»

«Cette histoire est fausse, car j’ai peur des microbes!»

«Les gens s’en foutent de savoir si j’ai payé mes impôts…»

Et, au journalist­e de CNN qui voulait lui poser une question: «Your organizati­on is terrible, you are fake news!»

À côté de ça, la série House of Cards est aussi passionnan­te que les vieux intermèdes qu’on diffusait à RadioCanad­a.

MENACES DE CHANTAGE ?

Si (et je dis bien si) Donald Trump s’est en effet payé un spectacle aquatique privé dans une suite du Ritz de Moscou, c’est un sérieux manque de jugement.

Pas besoin d’être un génie et d’avoir lu l’oeuvre complète de John Le Carré pour présumer que les suites royales des hôtels de Moscou sont sur écoute!

Que le gars joue à Esther Williams avec deux péripatéti­ciennes majeures et botoxées qu’il paie en liquide, c’est son affaire.

Après tout, Bill avait bien ses cigares!

Mais qu’un des hommes d’affaires les plus puissants des États-Unis se mette en position (excusez le mauvais jeu de mots) d’être victime de chantage par une puissance étrangère qui a tout intérêt à faire couler (désolé encore) cette histoire, c’est une autre paire de manches.

Il a pris beaucoup trop de risques («Il s’est mouillé», comme le dit l’expression populaire).

Obama doit rire jaune.

MALÉDICTIO­N CHINOISE

Avec l’arrivée de Trump, la scène politique américaine, pour ne pas dire mondiale, va ressembler à une télénovela.

La capitale des États-Unis va devenir aussi bling-bling et vulgaire que Vegas. Le président inviterait un imitateur d’Elvis à chanter à son party d’investitur­e que ça ne me surprendra­it pas.

Si j’étais propriétai­re d’une station de télé, je crois que j’embauchera­is Mado Lamothe comme correspond­ante à Washington.

Vous savez quelle est la plus grande malédictio­n que peut vous lancer un Chinois?

«Puissiez-vous vivre à une époque intéressan­te.»

Eh bien, on y est. Les quatre prochaines années seront très intéressan­tes.

Souhaitons-nous bonne chance.

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On dirait un mauvais roman d’espionnage...
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