Le Journal de Montreal

Chute mortelle «hautement évitable», dans un CHSLD

- Héloïse Archambaul­t HArchambau­ltJDM heloise.archambaul­t@quebecorme­dia.com

Une résidente de 91 ans d’un CHSLD de Montréal a réussi à briser deux moustiquai­res en une heure, avant de faire une chute mortelle «hautement évitable» de sa chambre, révèle le rapport du coroner.

«C’est bien triste, réagit la nièce de Thérèse Riendeau, Diane Beaulieu. C’est sûr qu’il y a eu de la négligence.»

Le 22 juin dernier, vers 22h, Mme Riendeau a fait une chute mortelle du deuxième étage au CHSLD Louvain, à Montréal. Elle y résidait depuis 12 heures.

«Les capacités physiques de Mme Riendeau ont été […] grandement sous-estimées. En contrepart­ie, la sécurité de la chambre et la présumée résistance de la moustiquai­re de la fenêtre ont été malheureus­ement surestimée­s», écrit le coroner Dr Louis Normandin dans un rapport obtenu par Le Journal, hier.

La dame de 91 ans avait été admise au CHSLD après un séjour à l’hôpital. On lui avait diagnostiq­ué une démence mixte sévère. Lors du transfert en CHSLD, ses proches n’ont pas pu se libérer.

«On l’a su la veille! dénonce Mme Beaulieu. On a été bousculés et mal informés de toutes parts.»

À son arrivée, la dame qui n’avait ni mari ni enfant était «agitée, confuse et agressive auprès du personnel soignant», écrit le coroner.

Pour la calmer, on lui a administré quatre fois la dose prescrite d’un sédatif. L’erreur a d’ailleurs été notée au dossier. Dans les heures suivantes, Mme Riendeau était légèrement somnolente, mais elle circulait dans sa chambre à 17 h 45.

« VOLONTÉ DE FUGUE »

Puis, vers 20h45, «Mme Riendeau redevient confuse et agitée et cherche à ouvrir le placard cadenassé pour récupérer son manteau et circule de chambre en chambre», lit-on.

À 21 h 25, le personnel l’a trouvée sur un petit balcon, «après qu’elle eut ouvert la porte-patio et brisé la moustiquai­re», écrit le coroner, qui a noté la «volonté de fugue explicite» de la dame.

À ce sujet, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Nord-del’île-de-Montréal souligne que cette moustiquai­re n’était pas sécurisée, mais que le balcon l’était. Le personnel l’a ainsi ramenée à sa chambre. Or, à 22h20, elle n’y était plus et les recherches ont débuté, dit le coroner.

En regardant par la fenêtre de la chambre de Mme Riendeau, une préposée l’a aperçue «gisant au sol, inconscien­te, à l’extérieur, deux étages plus bas».

À côté d’elle, les policiers ont retrouvé un tiroir de la commode de la chambre, la moustiquai­re de la fenêtre et son sac à main. De la fenêtre, un morceau de tissu pendait et avait été accroché à l’intérieur (voir photo). La dame est décédée d’un polytrauma­tisme.

FENÊTRES SÉCURISÉES

Hier, le CISSS a assuré que toutes les fenêtres des 12CHSLD avaient été vérifiées depuis le décès.

Par ailleurs,le coroner a noté des lacunes dans les communicat­ions entre les employés de jour et de soir. À ce sujet, le CISSS souligne que la formation du personnel a été améliorée.

Encore aujourd’hui, la famille est très éprouvée par ce décès tragique.

«Elle voulait vivre jusqu’à 100 ans. Elle ne prenait pas un seul médicament», dit sa nièce.

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Âgée de 91 ans, Thérèse Riendeau est décédée en juin dernier après une chute mortelle. En haut, on voit un bout de tissu pendant de sa chambre située au deuxième étage du CHSLD.
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