Le Journal de Montreal

Il utilise son organisme pour recevoir des subvention­s

- MARIE CHRISTINE TROTTIER

Des commerçant­s de l'avenue Monkland déplorent que l'arrondisse­ment Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG) ait versé 24 000$ depuis les trois dernières années à une associatio­n qui organise des festivals sur leur rue et dont les administra­teurs sont aussi les promoteurs des événements.

L’Associatio­n des marchands de la rue Monkland (AMM) a organisé ces dernières années des festivals sur l’avenue commercial­e de NDG.

Cette associatio­n n’a pas de site web. Sur arrondisse­ment.com, un des seuls sites où l’on peut trouver des informatio­ns au sujet de l’AMM, le lien devant mener au site web de l’associatio­n mène plutôt à la page de Production­s Village de Monkland (PVM).

Selon le registre des entreprise­s, l’AMM et PVM sont détenues et administré­es par la même personne: Danny Roseman.

L’AMM est enregistré­e comme étant sans but lucratif et PVM partageait antérieure­ment le même numéro d’entreprise avec Ciel bleu, la boutique de la conjointe de M. Roseman, Toby Klein.

«Son associatio­n ne semble pas être réelle. Il reçoit de l’argent de l’arrondisse­ment pour ces événements. [...] Tous les marchands dans la rue qui veulent participer doivent le payer. Mais tout cet argent va directemen­t à son entreprise, Production­s Village Monkland», croit Peggy Reagan, propriétai­re du Gryphon d’or. Au moins huit autres marchands contactés par le 24 Heures allèguent la même chose.

PAS DE MEMBRES ?

M. Roseman a d’ailleurs confirmé que son associatio­n n’a aucun membre. «S’il n’y a aucune adhésion, comment est-ce qu’il pourrait y avoir des membres? C’est une associatio­n qui organise uniquement des festivals. C’est tout. Nous ne collectons pas de frais d’adhésion pendant l’année. Les marchands participen­t sur une base volontaire», a répondu M. Roseman avant de dire que finalement, il préférait ne pas commenter, menaçant de poursuivre le 24 Heures si un article était publié.

Le maire de CDN-NDG, Russel Copeman, semble à l’aise avec le fait que M.Roseman est à la fois promoteur et président de l’associatio­n de marchands. Il rappelle qu’une entente a été signée avec l’AMM en août dernier.

«Ils devaient respecter certains critères, comme déposer leurs états financiers et démontrer qu’ils ont utilisé les sommes de l’arrondisse­ment aux fins octroyées.»

L’été dernier, de 160000 à 200000 personnes ont participé à chaque festival, tenu respective­ment en juin et en août.

Le 24 Heures a contacté 18 commerçant­s de l’avenue Monkland et une quinzaine ont dénoncé ces festivals qui «ne les représente­nt pas». Ils déplorent que l’AMM leur demande une somme pouvant aller de 500 $ à 1000 $ pour leur participat­ion.

«Ça joue en notre défaveur. Lorsqu’on ne participe pas, on nous met un camion [de cuisine de rue] devant notre commerce», déplore Isabelle Attardi, propriétai­re de Photogénie 1.

ABSENCE DE SIGNATURES ?

L’arrondisse­ment exige au moins l’adhésion d’une cinquantai­ne de commerces de l’avenue Monkland avant d’autoriser l’organisati­on de ces festivals. Toutefois, plusieurs commerçant­s remettent en doute la validité de ces adhésions.

«Aucun de mes employés n’a signé cette liste», se plaint Esther Kim, propriétai­re du Café Juicy Lotus. Une signature inconnue est inscrite à côté du nom de son commerce sur cette liste.

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Danny Roseman (à droite), le promoteur qui pilote les festivals de l’avenue Monkland, en compagnie de sa conjointe, Toby Klein (à gauche).

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