Le Journal de Montreal

L’héritage fragile de Barack Obama

- Pierre Martin @PMartin_UdeM

MArdi, BArAck OBAmA prononçAit son discours d’Adieu À ChicAgo. Le président sortAnt peut quitter lA tête hAute. SAns fAusse modestie, il A souligné l’Ampleur du chemin pArcouru. Le ton étAit toutefois réservé, cAr il demeure conscient des limites et de lA frAgilité de son héritAge.

À elle seule, l’élection du premier président afro-américain était un immense gain symbolique pour son pays et l’améliorati­on de l’image des ÉtatsUnis dans le monde en a été – pour un temps – une conséquenc­e directe.

Le simple fait qu’une famille noire ait occupé la Maison-Blanche pendant huit ans avec dignité, sans scandales et en gagnant l’estime des Américains est un succès symbolique non négligeabl­e.

Il faudra attendre le verdict de l’Histoire, mais celui des citoyens a déjà été rendu et il est largement favorable.

ACCOMPLISS­EMENTS MAJEURS

Les principale­s réalisatio­ns d’Obama sont venues tôt. Dès ses deux premières années, il a remis l’économie américaine sur les rails après la pire récession depuis la Grande Dépression. Il a aussi réussi là où ses prédécesse­urs avaient échoué en étendant l’accès à l’assurance-maladie à la quasi-totalité de la population.

Le bilan économique d’Obama comporte des lacunes, dont le maintien des inégalités de revenus. Toutefois, ses politiques ont permis de mettre fin à la crise et de réformer Wall Street pour éviter d’y replonger. Elles ont aussi permis 75 mois consécutif­s de croissance de l’emploi privé, une réduction substantie­lle du chômage et une remontée spectacula­ire des bourses.

En assurance-maladie, les républicai­ns ne pourront pas effacer entièremen­t les acquis de la réforme Obamacare. Le principe selon lequel tous les citoyens devraient avoir accès à une assurance-maladie abordable est désormais incontourn­able.

UNE PRÉSIDENCE MARQUANTE

Des progrès impression­nants ont marqué les années Obama, notamment en ce qui concerne les droits des homosexuel­s, le développem­ent des technologi­es et l’expansion des énergies renouvelab­les.

En politique étrangère, le bilan est nuancé, mais Obama a quand même mis fin à deux guerres, dont une était une tragique erreur. On lui devra aussi un accord nucléaire crucial avec l’Iran et un rapprochem­ent historique avec Cuba.

QUELQUES ÉCHECS AMERS

Si le bilan d’Obama est positif, il subsiste des zones d’ombre. D’abord, Obama doit regretter de n’avoir pas su renverser les divisions dans la société américaine.

Même si les tensions raciales sont loin d’être revenues au niveau des années 1960, les progrès ont été au mieux modestes pendant les années Obama. Il en est de même des divisions idéologiqu­es et partisanes, qui ont mené à la désolante campagne de 2016.

Finalement, les succès politiques de Barack Obama n’ont pas aidé son parti. Au contraire, outre sa défaite crève-coeur à l’élection présidenti­elle, le Parti démocrate a été littéralem­ent décimé à tous les autres niveaux entre 2008 et 2016.

C’est cet échec politique qui rend l’héritage de Barack Obama si fragile et ce dernier n’aura d’autre choix que de contribuer à sa reconstruc­tion s’il souhaite éviter que son successeur en vienne à bout.

Si le bilan d’Obama est positif, il subsiste des zones d’ombre.

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