Le Journal de Montreal

Les pétrolière­s abusent

- Michel Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

Il y a trois ans, pour la région de Montréal, le «prix du baril de pétrole brut incluant le transport» s’élevait à 111,29 $ US. Hier, il s’élevait à 56,52 $ US. En baisse de presque 50 % depuis 2014.

Le prix de l’essence à la pompe? Selon les données compilées par la Régie de l’énergie du Québec, le litre coûtait en moyenne 1,37 $ en 2014. Hier, il s’établissai­t à 1,21 $. Ce qui représente une réduction de 11,7 % par rapport à il y a trois ans.

Comment peut-on expliquer une si faible diminution par rapport à la forte chute du baril?

À sa face même, les automobili­stes se font carrément exploiter par les sociétés pétrolière­s.

J’en ai pour preuve la «marge de raffinage» sur l’essence qui a littéralem­ent explosé.

RAFFINAGE

En 2014, cette marge de raffinage s’élevait en moyenne à 9 cents le litre. Hier, les pétrolière­s exigeaient le double, soit 17,9 cents le litre comme marge.

Une hausse donc de 100 % en trois ans pour raffiner le pétrole au Québec. Comme les pétrolière­s sont présentes dans tout le circuit pétrolier, du puits jusqu’à la pompe, l’augmentati­on de leur marge de raffinage compense en partie la baisse du prix du baril de pétrole.

DÉTAIL

L’autre variable qui fluctue souvent, c’est la «marge de détail» à la pompe. Celle-ci représente l’écart entre le prix affiché à la pompe et le prix d’acquisitio­n de l’essence. Cette marge couvre les frais d’exploitati­on d’une stationser­vice, plus évidemment le profit pour des détaillant­s.

En 2014, cette «marge de détail» s’élevait en moyenne à 5,8 cents le litre. Hier, les stations-service de la région de Montréal fixaient leur «marge de détail» à 7,6 cents le litre.

Ce qui équivaut à une hausse de 31 % en trois ans. C’est quand même élevé comme augmentati­on, convenons-en.

Fait à noter: il y a un véritable jeu de vases communican­ts entre les deux marges. Souventes fois, quand la marge du raffinage grimpe, la marge du détail baisse… et vice-versa.

La combinaiso­n des deux marges (raffinage et détail) totalisait en moyenne 14,8 cents le litre en 2014. Aujourd’hui? 25,5 cents le litre, pour une hausse de 72 % en trois ans.

AUTRES FACTEURS

Quand on demande aux sociétés pétrolière­s d’expliquer pourquoi le prix de l’essence à la pompe reste si élevé alors que le baril a chuté de moitié, elles se contentent habituelle­ment de pointer deux facteurs. Un, la dévaluatio­n en trois ans de 22 % du dollar canadien par rapport au dollar US. Deux, le maintien au beau fixe ou presque des coûteuses taxes fédérales et provincial­es.

Lorsque le baril de pétrole se négociait à 111 $ US en 2014, on payait un total de 49,8 cents de taxes par litre d’essence.

Aujourd’hui avec un baril à seulement 56,52 $ US, on verse 47,9 cents de taxe par litre. À peine 2 cents de moins!

Comme quoi, les automobili­stes se font également siphonner d’aplomb par Québec et Ottawa.

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