Les pétrolières abusent
Il y a trois ans, pour la région de Montréal, le «prix du baril de pétrole brut incluant le transport» s’élevait à 111,29 $ US. Hier, il s’élevait à 56,52 $ US. En baisse de presque 50 % depuis 2014.
Le prix de l’essence à la pompe? Selon les données compilées par la Régie de l’énergie du Québec, le litre coûtait en moyenne 1,37 $ en 2014. Hier, il s’établissait à 1,21 $. Ce qui représente une réduction de 11,7 % par rapport à il y a trois ans.
Comment peut-on expliquer une si faible diminution par rapport à la forte chute du baril?
À sa face même, les automobilistes se font carrément exploiter par les sociétés pétrolières.
J’en ai pour preuve la «marge de raffinage» sur l’essence qui a littéralement explosé.
RAFFINAGE
En 2014, cette marge de raffinage s’élevait en moyenne à 9 cents le litre. Hier, les pétrolières exigeaient le double, soit 17,9 cents le litre comme marge.
Une hausse donc de 100 % en trois ans pour raffiner le pétrole au Québec. Comme les pétrolières sont présentes dans tout le circuit pétrolier, du puits jusqu’à la pompe, l’augmentation de leur marge de raffinage compense en partie la baisse du prix du baril de pétrole.
DÉTAIL
L’autre variable qui fluctue souvent, c’est la «marge de détail» à la pompe. Celle-ci représente l’écart entre le prix affiché à la pompe et le prix d’acquisition de l’essence. Cette marge couvre les frais d’exploitation d’une stationservice, plus évidemment le profit pour des détaillants.
En 2014, cette «marge de détail» s’élevait en moyenne à 5,8 cents le litre. Hier, les stations-service de la région de Montréal fixaient leur «marge de détail» à 7,6 cents le litre.
Ce qui équivaut à une hausse de 31 % en trois ans. C’est quand même élevé comme augmentation, convenons-en.
Fait à noter: il y a un véritable jeu de vases communicants entre les deux marges. Souventes fois, quand la marge du raffinage grimpe, la marge du détail baisse… et vice-versa.
La combinaison des deux marges (raffinage et détail) totalisait en moyenne 14,8 cents le litre en 2014. Aujourd’hui? 25,5 cents le litre, pour une hausse de 72 % en trois ans.
AUTRES FACTEURS
Quand on demande aux sociétés pétrolières d’expliquer pourquoi le prix de l’essence à la pompe reste si élevé alors que le baril a chuté de moitié, elles se contentent habituellement de pointer deux facteurs. Un, la dévaluation en trois ans de 22 % du dollar canadien par rapport au dollar US. Deux, le maintien au beau fixe ou presque des coûteuses taxes fédérales et provinciales.
Lorsque le baril de pétrole se négociait à 111 $ US en 2014, on payait un total de 49,8 cents de taxes par litre d’essence.
Aujourd’hui avec un baril à seulement 56,52 $ US, on verse 47,9 cents de taxe par litre. À peine 2 cents de moins!
Comme quoi, les automobilistes se font également siphonner d’aplomb par Québec et Ottawa.