Le Journal de Montreal

Nouveaux défis pour les humoristes

- SANDRA GODIN

Plus il y a de spectacles d'humour, plus il est difficile pour les jeunes humoristes de se démarquer, et plus ils sont nombreux à payer les frais d'une industrie saturée. «On est à réinventer les façons de faire», explique la directrice de l’École nationale de l’humour, Louise Richer.

Si la relève ne veut pas se diluer dans le bassin d'humoristes avec toute cette offre, elle doit se démarquer. «C'est au coeur même de notre approche pédagogiqu­e, ajoute Mme Richer. Les humoristes doivent trouver leur couleur personnell­e et leur singularit­é dans une démarche qui est très exigeante, et souvent très souffrante. Il faut trouver un personnage de scène et le cultiver.»

Les réseaux sociaux sont de formidable­s outils pour les humoristes de la relève pour développer leur public, souligne-telle. Ils vont y trouver leur public via des podcasts, des séries web et sur Instagram, entre autres. «Jay Du Temple en est un bon exemple», précise-t-elle.

L'AUTO-PRODUCTION

Parmi les nouvelles façons de faire, Louise Richer note que certains humoristes vont, entre autres, produire euxmêmes leur spectacle, plutôt que de s'embarquer avec une boîte de production, et ainsi encaisser les risques financiers.

«Ils veulent être plus autonomes. Ils sont moins dépendants d'un gérant ou d'un agent», dit-elle.

C'est le cas d'Étienne Dano. Il se montre très humble par rapport à son premier spectacle, Excessif, qui n'avait pas eu le succès escompté. Il affirme ne pas avoir vendu 20 000 billets, comprenant ainsi le producteur, evenko, de ne pas s'être embarqué pour son deuxième spectacle, qu'il est présenteme­nt en train d'écrire. Il le produira lui-même.

Pour «amortir les risques», Étienne Dano a convaincu quelques commandita­ires. Il a aussi recyclé le décor de l'ancienne tournée du chanteur Ian Kelly.

«Je n'ai pas envie d'attendre après un gros producteur, j'ai envie de faire de la scène tout de suite. Je suis en train d'écrire mon deuxième show et je veux offrir un spectacle de qualité aux gens, et même offrir des bonus à ceux qui achèteront des billets. Aujourd'hui, c'est ça qu'il faut faire. La tarte a toujours été séparée entre trois ou quatre gros noms.»

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