Le Journal de Montreal

Une pratique médicale hors norme

Une médecin de Joliette qui suit près de 2600 patients ne veut pas nécessaire­ment qu’on l’imite

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Passionnée par la médecine, une omnipratic­ienne de Joliette qui suit près de 2600 patients considère sa carrière hors norme, et ne veut pas être une référence pour la nouvelle génération de médecins de famille.

«Je suis passionnée, confie la Dre Hélène Laporte. Jamais, je ne suis entrée au bureau sans avoir le goût de travailler.»

«Mais, je ne suis pas une référence, insiste celle qui se considère workaholic. Je ne veux pas passer le message que c’est facile d’avoir 2600 patients. Ce n’est pas un standard.»

55 À 60 HEURES / SEMAINE

En effet, la Dre Laporte fait partie des 2 % de médecins qui suivent plus de 2500 patients au Québec (2594).

En général, elle travaille entre 55 et 60 heures par semaine. Et ne prend pas souvent de pause-repas…

«Je dîne souvent devant l’ordi, en lisant des rapports de labos», confiet-elle en souriant.

«En général, je vois 35 patients par jour. La semaine passée, j’en ai eu 42, mais c’était une grosse journée», dit la mère de quatre enfants.

Originaire de Joliette, la Dre Laporte a grandi avec l’exemple de son père médecin de famille qui travaillai­t de longues heures (encore plus qu’elle).

Signe que les temps changent, la docteure ne souhaite pas que sa fille, qui est aussi une jeune omnipratic­ienne, suive ses traces.

UN PEU PRISE

«Ma fille ne fera pas ça et je ne la blâmerai pas. Bien que je sois hyper bien organisée, c’est beaucoup de patients», avoue la femme de 58 ans.

«Je ne blâme pas les jeunes médecins qui veulent travailler 37 ou 40 heures par semaine et qui vont chercher leurs enfants à la garderie. C’est pour ça qu’on travaille en équipe, ce n’est pas un horaire facile.»

Par ailleurs, celle qui consacre aujourd’hui toute sa pratique en cabinet n’a pas toujours fait ce choix. En plus des suivis en obstétriqu­e, elle a été chef du départemen­t de médecine générale de l’hôpital de Joliette durant 10 ans.

En 2008, elle s’est jointe au Groupe de médecine de famille, et a vu sa liste de patients augmenter jusqu’à 2594 Québécois. Fait à noter, la moitié d’entre eux (1367) sont considérés comme étant vulnérable­s, et nécessiten­t un

suivi plus régulier.

PAS PEUR DE DÉLÉGUER

Chaque jour, la Dre Laporte garde le tiers de ses plages horaires libres pour les urgences.

«Je viens de voir un bébé qui faisait 40 de fièvre, et la maman avait appelé ce matin», dit-elle.

«Les patients savent qu’ils peuvent être vus rapidement s’il y a un problème, donc ils ne viennent pas puncher pour être sûrs de ne pas perdre leur place.»

La clé pour bien gérer autant de patients? L’équipe.

«Le secret, c’est le travail multidisci­plinaire, avec les infirmière­s et les secrétaire­s. C’est le message clé à passer. Et déléguer aussi, ne pas avoir peur de déléguer.»

Quant à l’avenir, la Dre Laporte essaie de commencer à réduire ses heures, et n’accepte plus que les bébés de ses patientes.

«J’essaie! Je dis souvent non aux nouveaux patients, assure-t-elle. Mais, j’aime ce que je fais. On a beaucoup de reconnaiss­ance.»

C’est un choix que j’ai fait volontaire­ment [d’avoir beaucoup de patients], mais ça s’est ajouté au fil du temps. On a beaucoup de reconnaiss­ance, la colonne des positifs est plus longue. »

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À Joliette, la Dre Hélène Laporte avoue que sa charge de travail est imposante avec ses 2594 patients, et sait que ce nombre n’est la norme souhaitabl­e.
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