Obtenir un diplôme sans aller à l’école
Des raccrocheurs terminent leur secondaire bien assis à la Maison des jeunes
SAINT-SAUVEUR | Des jeunes des Laurentides peuvent obtenir un diplôme d’études secondaires sans mettre les pieds à l’école. Ils apprennent à leur rythme, bien installés dans les fauteuils de la Maison des jeunes.
Kevin Ogylvie, 18 ans, a été souvent expulsé des écoles régulières en raison de ses problèmes de consommation de drogue et de violence envers les autres élèves et les enseignants. Il détestait l’encadrement des écoles. Maintenant, il s’apprête à finir son secondaire dans la liberté la plus complète.
Quatre après-midi par semaine, il se rend à la Maison des jeunes de SaintSauveur, où il travaille avec ses livres... quand ça lui tente.
Les enseignants sont sur place pour répondre aux questions, mais ils ne disent jamais aux élèves quoi faire.
«Si je veux, je peux gratter ma guitare. Ici, je ne me sens pas agressé. Je vais à mon rythme et j’apprends à me calmer. Ils ont fait de moi une meilleure personne. Je vois le monde différemment», raconte Kevin.
ALTERNATIVE POUR RÉUSSIR
Depuis 2010, la Maison des jeunes est devenue L’École de la Maison des jeunes pour raccrocheurs. Cette idée est venue de Carole Asselin, intervenante responsable de l’organisme. Elle enseigne aux adultes aussi et elle trouvait qu’encore trop d’élèves décrochaient. Elle a donc suggéré à la Commission scolaire des Laurentides d’introduire l’école à la Maison des jeunes et d’engager des profs de mathématiques, de français, d’anglais et de sciences.
Du lundi au jeudi, de 13 h à 16 h, les jeunes inscrits se rendent à la Maison des jeunes, à Saint-Sauveur, et font les différents exercices. Personne n’est au même niveau scolaire.
Lors des examens du ministère de l’Éducation, ils se rendent dans une école pour adultes pour les passer et accéder au niveau suivant.
PHILIPPE BOND
Le concept a interpellé l’humoriste Philippe Bond, qui est devenu porte-parole.
«J’aurais tellement fité dans ce concept. La vie scolaire aurait été plus facile pour moi si cette option pour finir mon secondaire avait existé», soutient-il.
Philippe Bond raconte qu’il était hyperactif, avait du mal à suivre à l’école et ne se sentait pas tellement à sa place. «Je sais que si j’avais été un élève d’ici, je me serais extériorisé davantage. Difficile à croire, mais j’étais timide.»
À ce jour, près de 40 jeunes ont atteint leurs objectifs scolaires, soit un diplôme d’études secondaires ou l’accès à une formation professionnelle grâce à la formule qu’offre la Maison des jeunes.