Le Journal de Montreal

Congédié pour s’être masturbé devant une collègue

- VALÉRIE GONTHIER

Un infirmier du Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal qui s’est masturbé devant une collègue au travail n’a pas réussi à faire annuler son congédieme­nt.

Une pause dans une salle de repos de l’hôpital St-Luc à Montréal a pris une tournure troublante pour une inhalothér­apeute, le 14 septembre 2013.

Alors qu’elle lisait seule dans la verrière au 12e étage de l’hôpital, la femme a aperçu un homme entrer dans la pièce. Elle a poursuivi sa lecture, jusqu’à ce qu’elle entende un «bruit de masturbati­on».

«Regardant vers la personne qui était assise à sa droite, elle affirme avoir vu que le cordon du pantalon que cet employé portait était défait et que sa main et son bras faisaient un mouvement de masturbati­on. Elle n’a pas vu le pénis de la personne», peuton lire dans une récente décision arbitrale.

ARGUMENT PEU CONVAINCAN­T

L’arbitre Richard Guay a rejeté les deux griefs contestant son congédieme­nt suite à cet événement, déposés par l’employé fautif, Jean-Claude Louidor.

Il avait perdu son emploi après que la femme a porté plainte à la direction. M. Louidor a nié avoir commis ces gestes, disant ne pas se livrer à «ces saletés-là» parce qu’il est Haïtien. Un argument qui n’a pas convaincu l’arbitre.

«Le Tribunal ne saisit pas très bien en quoi le fait d’être d’origine haïtienne constituer­ait une immunité contre la masturbati­on. Il n’a été saisi d’aucune preuve sociocultu­relle voulant que le phénomène n’ait pas cours dans la Perle des Antilles», peut-on lire dans la décision.

Me Guay a même effectué une vérificati­on au dictionnai­re pour prouver que l’expression française «se masturber» existe en créole. «Il y aurait même un mot propre à Haïti pour décrire l’activité : “masturber (se) : batdous, bat laponyet”», a-t-il écrit.

CONNOTATIO­N SEXUELLE

L’arbitre a aussi noté que deux semaines après l’incident dans la salle de repos, M. Louidor aurait recroisé l’employée et lui aurait lancé des propos déplacés.

Cette dernière informait un patient qu’elle pourrait revenir avant l’heure prévue de sa prochaine visite.

«Tu viens me voir à quelle heure moi?» lui aurait dit M. Louidor.

«La connotatio­n sexuelle de la demande qu’il a faite à Madame accrédite la thèse qu’il n’a pas fait que se gratter dans la verrière deux semaines plus tôt», a-t-il ajouté.

En 2013, la femme avait aussi porté plainte à la police de Montréal.

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