Le Journal de Montreal

Trop de temps devant la télé, moins prêts pour l’école

- DOMINIQUE SCALI

Les enfants de 5 ans qui passent plus de deux heures par jour à regarder la télévision risquent d’être moins prêts pour la maternelle que les autres, surtout si leur famille est pauvre, conclut une étude.

«Plus le revenu familial est bas, plus le lien négatif [entre le temps d’écran et les capacités scolaires] est marqué», explique Caroline Fitzpatric­k, chercheuse à l’Université Concordia et coauteure de l’étude.

Si les enfants de familles riches semblent moins affectés par cette tendance, c’est peut-être parce qu'ils ont accès à des émissions plus éducatives, supposent les chercheurs. Au contraire, les enfants de familles pauvres ont peut-être accès à des émissions peu appropriée­s pour les jeunes et, le reste du temps, moins accès à des activités enrichissa­ntes à la maison.

«Mais même s’il s’agit de contenu de qualité, il faut garder un oeil sur la quantité totale [de temps consacré à la télévision], ne serait-ce que parce que ça enlève du temps pour d’autres activités [qui aident au développem­ent de l'enfant]», comme la lecture par exemple, indique Mme Fitzpatric­k.

JAMAIS TENU UN LIVRE

Les chercheurs ont comparé les données recueillie­s auprès de parents de 807 élèves de maternelle issus de divers milieux aux États-Unis pour connaître le revenu du ménage et le nombre d’heures passées à regarder des vidéos sur divers écrans chaque jour.

Plus le nombre d’heures devant le téléviseur est élevé, moins les enfants possèdent d’habiletés en mathématiq­ues, ou encore la capacité à contrôler leur attention.

Cette corrélatio­n est à son plus fort chez les enfants qui regardent la télévision durant plus de deux heures par jour.

Annie Tellier, bénévole pour l’organisme J’apprends avec mon enfant (JAME), le constate: bon nombre d’enfants n’ont jamais manipulé de livres, tandis qu’ils savent très bien comment fonctionne­nt une tablette ou un ordinateur.

Depuis plus de six ans, elle se rend chaque semaine chez des familles défavorisé­es dont l’enfant a des difficulté­s à l’école pour lui faire la lecture à la maison. «Dans toutes les familles où je vais, la télé a la priorité sur les livres», observe-t-elle.

SENSIBILIS­ATION

«On ne veut pas diaboliser les écrans, mais il y a une sensibilis­ation nécessaire pour apprendre aux parents à doser», abonde Audrey Archambaul­t, coordonnat­rice pédagogiqu­e au JAME. L’étude vient d’ailleurs appuyer la directive de l’American Academy of Pediatrics, qui recommande un maximum d’une heure d’écran par jour pour les jeunes de 2 à 5 ans.

Au pays, la Société canadienne de pédiatrie prévoit publier un document de principes sur le sujet en juin.

 ??  ?? Audrey Archambaul­t (à gauche) et Annie Tellier (à droite) vont régulièrem­ent faire la lecture à la maison chez des familles défavorisé­es où les écrans prennent plus de place que les livres. «On les voit, les progrès», assure Mme Tellier.
Audrey Archambaul­t (à gauche) et Annie Tellier (à droite) vont régulièrem­ent faire la lecture à la maison chez des familles défavorisé­es où les écrans prennent plus de place que les livres. «On les voit, les progrès», assure Mme Tellier.
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Caroline FitzpatriC­k Chercheuse

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