Le Journal de Montreal

Une connerie convention­née

- Michel hébert Blogueur au Journal michel.hebert @quebecorme­dia.com @hebert_mic

Les habituels défenseurs de la veuve et de l’orphelin sont restés silencieux devant la mésaventur­e des parents qui voulaient peinturer l’école de leur village.

Un silence manifestem­ent complice. Le PQ est resté fidèle à lui-même. Québec solidaire aussi. Ils sont d’ailleurs toujours plus loquaces au théâtre du Salon bleu.

Ils s’égosillent comme des enfants de choeur pour défendre des avocats et des notaires grassement payés par l’État.

Et ils feront de même pour les ambulancie­rs, les chauffeurs d’autobus, les cols bleus et tous ceux qui exigeront davantage de la majorité silencieus­e.

Seule la CAQ, par la voix de Marc Picard, a déploré que le gouverneme­nt libéral n’ait pas tenu sa promesse de 2011 d’encadrer le «travail bénévole». Miséricord­e!, dirait ma grand-mère.

NOS ANCÊTRES

Des parents réprimandé­s parce qu’ils voulaient faire les choses eux-mêmes, certains que le travail serait bien fait et que les paperassie­rs ne trouveraie­nt pas un nouveau prétexte pour exister.

Mais c’est bien mal connaître le Québec moderne que de croire qu’on puisse s’adonner de nos jours à une corvée animée par la bonne volonté.

Nos ancêtres faisaient ce que font toujours les Amish de Pennsylvan­ie: en une journée, ils construisa­ient la grange d’un cousin, d’un voisin ou d’un ami en mettant tous l’épaule à la scie durant une fin de semaine.

Les anciens y allaient à plusieurs pour essoucher les champs, agrandir la prairie et dresser des clôtures de pierres. Le peuple avait une vie propre, bien à lui, stimulée par des élans naturels de solidarité.

Évidemment, il n’avait pas à faire vivre l’armée invisible qui assure son confort en taxant la moindre activité humaine. Ce modèle parasitair­e entrave naturellem­ent les libertés.

Ah, on le présentera toujours autrement, bien sûr. Et le plus souvent avec l’adjectif «progressis­te». Les partis politiques en font leurs choux gras depuis des années sans se préoccuper des effets secondaire­s…

Mais est-ce bien «progressis­te» d’empêcher la contributi­on désintéres­sée d’une communauté exaspérée par le délabremen­t de son école?

Une question sans réponse. D’ailleurs personne ne tient à la poser. Ça inciterait à réfléchir et on pourrait déboucher sur des conclusion­s embarrassa­ntes pour les empâtés des pouvoirs publics.

FAUX GENDARME

C’est donc avec la plus grande facilité que la Commission de la constructi­on du Québec a mis fin à la tâche des parents du village de Saint-Sébastien.

Un inspecteur syndiqué, avec bretelle et ceinture, assuré d’un emploi moelleux et d’une retraite bien potelée, s’est dressé devant ces pauvres gens en exigeant soumission et pièces d’identité, les menaçant même d’une amende.

Ah, si le hasard m’avait placé devant ce faux gendarme! J’aurais conservé mon pinceau pour le pousser à l’absurde.

Aurait-il appelé la police? J’aurais appelé TVA! Aurait-on voulu m’appréhende­r? J’aurais appelé Julius Grey! Libéré, j’aurais comparu devant Denis Lévesque!

Mais personne n’a voulu donner d’ampleur à cette niaiserie convention­née. On en verra d’autres, rassurez-vous. La bêtise et le favoritism­e viennent avec la réglementa­tion.

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 ??  ?? Marc Picard, de la CAQ, déplore que le gouverneme­nt libéral n’ait pas tenu sa promesse de 2011 d’encadrer le travail bénévole.
Marc Picard, de la CAQ, déplore que le gouverneme­nt libéral n’ait pas tenu sa promesse de 2011 d’encadrer le travail bénévole.

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