Le Journal de Montreal

Les hommes gagnent 2,93 $ l’heure de plus que les femmes

Elles ont toutefois amélioré leur situation durant la dernière décennie

- Marie-Ève Dumont MEDumontJD­M

En cette Journée internatio­nale des femmes, l’Institut de la statistiqu­e du Québec nous rappelle encore une fois que l’écart des salaires continue d’exister pour les travailleu­ses québécoise­s. En 2016, les hommes ont gagné 2,93 $ l’heure de plus que les femmes.

Les femmes ont toutefois amélioré leur situation durant la dernière décennie, passant de 86,6 % à 88,6 % de la rémunérati­on des hommes.

«On voit que l’on avance, mais ce qui est désolant, c’est le rythme auquel l’écart rétrécit. Il ne faudrait pas attendre une autre décennie pour atteindre l’égalité», s’inquiète Louise Chabot, de la Centrale des syndicats du Québec.

L’économiste féministe Ruth Rose note par ailleurs qu’il faut, dans de nombreux cas, que la femme soit plus instruite pour avoir le même salaire qu’un homme.

«Avec le même diplôme de cégep en main, une femme aura, deux ans plus tard, un salaire de 10 % plus faible que celui d’un homme», cite Mme Rose.

EMPLOIS MOINS PAYANTS

Même si la moyenne de l’écart entre les salaires rétrécit, Katia Atif, directrice de l’organisme Action travail des femmes, remarque que cette tendance s’observe surtout dans les emplois dits «mixtes», alors que bien des emplois majoritair­ement occupés par des femmes restent moins payants que les domaines masculins bien que les formations soient équivalent­es.

«Une secrétaire spécialisé­e en santé peut gagner jusqu’à 30 000 $ de moins qu’un maçon, par exemple. La formation profession­nelle est pourtant d’environ 1600 heures dans les deux cas», déplore Mme Atif.

Les Québécoise­s sont par ailleurs plus que jamais actives sur le marché du travail. Sur les 90 800 emplois créés dans la province en 2016, 62,5% (soit 56800 emplois) ont été comblés par des femmes, rapporte l’Institut du Québec.

En contrepart­ie, elles sont surreprése­ntées dans les emplois au salaire minimum. Il y a également 16 % d’entre elles, âgées de 25 à 54 ans, qui travaillen­t à temps partiel, alors qu’il n’y a que 6% des hommes du même âge.

RÉPERCUSSI­ONS SUR LA RETRAITE

Les femmes cumulent aussi moins de temps de travail en raison de responsabi­lités familiales. «On parle de la génération “sandwich’’ qui doivent s’occuper de leurs enfants en bas âge ainsi que de leurs parents vieillissa­nts. Comme il n’y a que 24 h dans une journée, il y a moins de temps de travail», explique Véronique De Sève, vice-présidente Condition féminine à la Confédérat­ion des syndicats nationaux (CSN).

En cumulant ces «inégalités», lorsqu’une femme de 65 ans arrive à la retraite, elle n’a que 60 % du revenu d’un homme, se désole Mme Rose.

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Selon les statistiqu­es, les femmes reçoivent 88,6 % de la rémunérati­on des hommes.
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