Une nouvelle tuile s’abat sur la campagne de Fillon
Le candidat de droite fait face à un autre scandale
PARIS | (AFP) Le candidat de droite à la présidentielle française, François Fillon, fort du soutien arraché à son camp malgré ses déboires judiciaires, tentait hier de relancer sa campagne à moins de cinquante jours d’un scrutin où il est donné battu.
Mais alors que vient de s’achever officiellement la crise politique déclenchée par des soupçons d’emplois fictifs visant sa famille, Le Canard Enchaîné a lancé hier de nouvelles accusations contre le candidat conservateur, convoqué dans une semaine chez les juges en vue d’être inculpé.
Selon l’édition datée de mercredi de l’hebdomadaire, qui avait déjà révélé fin janvier l’affaire des emplois fictifs, M. Fillon a obtenu en 2013 un prêt de 50000euros (71000$) de l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, sans le faire figurer dans sa déclaration de patrimoine à la Haute autorité pour la transparence sur la vie publique.
Fin janvier, François Fillon a «spontanément» dit aux enquêteurs travaillant sur l’affaire des emplois fictifs présumés qu’il avait oublié de mentionner ce prêt dans sa déclaration de patrimoine, a réagi son avocat, Me Antonin Levy.
Ce prêt, accordé par celui qui avait déjà fourni un emploi controversé à Penelope Fillon dans une revue littéraire, a été «intégralement remboursé», a affirmé au Canard Me Levy, refusant de préciser à quelle date.
Après des semaines de tourmente marquées par des appels insistants à renoncer, François Fillon doit aujourd’hui reconstruire une équipe de campagne laminée par les désertions, rassembler son camp au-delà de l’unité de façade et faire face aux juges.
L’objectif majeur vise à reconquérir l’opinion: après avoir fait la course en tête des sondages depuis sa désignation à la primaire de la droite en novembre, M. Fillon, 63 ans, est donné éliminé au premier tour le 23 avril par la patronne de l’extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron. Derrière ce trio de tête figurent le socialiste Benoît Hamon puis le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, qui ne sont pas parvenus à trouver une entente pour une candidature commune.
CAMPAGNE VAMPIRISÉE
Tous les candidats s’exaspèrent de voir cette campagne électorale, à l’issue encore très incertaine, vampirisée par le feuilleton judiciaire de l’affaire Fillon qui a tenu en haleine les Français.
Lundi soir, Benoît Hamon qui peine à imposer ses thèmes novateurs comme le revenu universel ou la transition écologique, a ainsi jugé «incroyablement régressif pour une démocratie que de ne faire campagne que sur les déboires de François Fillon».
«On regrette que tout ce bruit fasse obstacle à la clarté du débat», abonde Alexis Corbière, porte-parole de JeanLuc Mélenchon, notant que «l’horloge tourne» pour pouvoir débattre «projet contre projet».