Le Journal de Montreal

Les Québécois, ils l’ont l’affaire !

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Quand j’ai appris la sortie d’un documentai­re sur un camping VR de luxe presque uniquement fréquenté par des Québécois millionnai­res, en Floride, j’ai eu peur que le réalisateu­r se moque de ces «snowbirds».

Mais à la place, dans Le prix du paradis, Guillaume Sylvestre montre le quotidien de ces millionnai­res qui passent la moitié de l’année en Floride… sans les juger. Personnell­ement, je les ai adorés!

LA FLORIDE SIX MOIS PAR ANNÉE

Le documentai­re Le prix du paradis est présenté jusqu’au 9 mars à la Cinémathèq­ue, puis le 12 mars 21 h à Canal D.

On y découvre des dizaines de Québécois qui ont réussi dans la vie, et qui n’ont pas honte de leur richesse, de leur fortune et de vivre dans le luxe.

Alors qu’habituelle­ment au Québec, on se cache quand on fait de l’argent, en Floride ces Québécois et Québécoise­s qui ont bâti des empires dans le domaine de la constructi­on s’achètent des terrains à 300 000 $ y installent des RV à 3 millions avec des annexes en marbres d’Italie. Devant presque toutes les entrées des véhicules récréatifs, on trouve des voitures de luxe, Ferrari, Rolls, MercedesBe­nz, en veux-tu en voilà.

Dans une scène clé du documentai­re, un des snowbirds raconte que quand il grandissai­t au Québec, les francophon­es en arrachaien­t et que les riches… c’était les Canadiens anglais. Alors, c’est tout un revirement de situation, aujourd’hui, que de riches Québécois qui ont fait fortune, s’établissen­t dans un quartier pauvre de Fort Lauderdale… parmi des Anglais.

On entend souvent les Québécois dire: «Les Américains, eux autres, ils l’ont l’affaire». Mais dans ce cas-ci, ce sont des Québécois qui font l’envie des Américains. Des millionnai­res, des retraités de luxe, qui ont fondé leur entreprise, ou fait beaucoup d’argent en travaillan­t comme des fous, qui profitent de jours heureux. On ne va quand même pas aller leur reprocher d’avoir travaillé fort toute leur vie!

Mais ce documentai­re est surtout l’occasion de rencontrer un personnage qui m’a épatée: Jean-Guy Sylvain, fils de cultivateu­r de SaintGeorg­es de Beauce, copropriét­aire de l’hôtel Concorde à Québec, qui a conçu ce rêve de fou de construire un immense camping au beau milieu d’une «swompe» de Floride. Il a fait enlever tous les arbres qui le dérangeaie­nt même si c’était interdit et a payé l’amende à la municipali­té. Cet homme, qui a quitté l’école après la troisième année, n’est pas capable de lire les contrats qu’il fait signer aux acheteurs de ses terrains! Cet entreprene­ur, qui ne parle pas un mot d’anglais, fait affaire aux États-Unis dans un domaine de luxe.

À lui tout seul, il justifie l’intérêt du documentai­re: quel personnage fascinant!

LES QUÉBÉCOIS ET LES $$$

Un réalisateu­r de gauche, donneur de leçons, qui crache sur le capitalism­e, aurait présenté les Québécois qui fréquenten­t le camping Aztec comme des «nouveaux riches». Il aurait interviewé une chercheuse en sociologie de l’UQAM qui aurait péroré sur le néo-libéralism­e.

Alors que Le prix du paradis nous laisse décider par nous-mêmes ce qu’on pense. Pour une fois qu’au cinéma on parle de gens riches sans les montrer comme des Séraphin, obsédés par leur or!

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 ??  ?? Une scène du documentai­re Le prix du paradis sur les «snowbirds».
Une scène du documentai­re Le prix du paradis sur les «snowbirds».

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