Le Journal de Montreal

EMUS: une moto électrique de course faite au Québec

Chez nous, au Québec, des étudiants de l’Université de Sherbrooke ont conçu une moto de 214 chevaux capable d’atteindre 250 km/h. Ah oui, et elle est 100 % électrique!

- FRÉDÉRIC MERCIER

Il y a six ans, un groupe d’universita­ires en génie désirant repousser les limites de la technologi­e électrique s’est donné le défi de concevoir euxmêmes une moto de course ne consommant pas une goutte d’essence. Ainsi naissait le projet EMUS, pour Electric Motorcycle of Université de Sherbrooke. Depuis, près d’une centaine d’universita­ires des programmes de génie électrique, informatiq­ue et mécanique ont mis la main à la pâte pour faire d’EMUS ce qu’elle est aujourd’hui. De passage au Salon de la moto de Montréal la semaine dernière, quelques-uns d’entre eux ont accepté de nous faire un petit tour du propriétai­re.

OBJECTIF PERFORMANC­E

Quand on parle de véhicules électrique­s, les premiers critères qui nous viennent en tête sont habituelle­ment l’autonomie et le temps de recharge que nécessite la batterie. Avec EMUS, les étudiants de Sherbrooke ont une tout autre philosophi­e. «On veut construire la moto électrique la plus performant­e en Amérique du Nord», résume Félix-Antoine Lebel, l’un des instigateu­rs du projet. Le mot d’ordre est donc la performanc­e. La moto, fabriquée à partir d’un châssis monocoque en aluminium, est propulsée par un système de batteries lithium-ion de 14,5 kWh. Avec une masse totale de 220 kilos, elle peut passer de 0 à 100 km/h en seulement trois secondes, gracieuset­é de ses 214 chevaux et 280 livres-pied de couple.

Sur la piste, EMUS peut parcourir entre 35 et 45 kilomètres avant de manquer de jus et de nécessiter une recharge. Si elle était pilotée dans des conditions routières ordinaires, on estime que son autonomie pourrait dépasser les 100 kilomètres.

DE GRANDES AMBITIONS

Pour 2017, les participan­ts au projet EMUS ont un objectif bien précis en tête: remporter le Varsity Challenge, une course de motos électrique­s réservée aux universita­ires.

L’an dernier, EMUS a remporté les honneurs, mais la victoire a eu un petit goût amer pour les Sherbrooko­is. Plusieurs motos ont dû déclarer forfait en raison de problèmes techniques, pavant une voie trop facile vers la victoire pour EMUS.

Cet été, Sherbrooke espère une compétitio­n plus solide, question de prouver au monde entier le savoir-faire québécois en matière de compétitio­n électrique. Comme l’an dernier, c’est le pilote Samuel Proulx qui sera aux commandes. La course aura lieu en juillet prochain au New Jersey. Et d’ici là, le groupe travaillan­t sur EMUS entend tout faire pour que la moto soit prête pour le grand jour. D’ici là, les étudiants travailler­ont d’arrache-pied à régler tous les petits problèmes de la moto et à s’assurer d’une fiabilité sans faille. Ils réaliseron­t plusieurs tests sur le circuit du Mont-Tremblant. Depuis l’an dernier, le gros défi a été de concevoir une nouvelle batterie plus performant­e pour garder EMUS dans le coup. Les avancées technologi­es ont été grandes dans le monde des batteries dans les dernières années, et EMUS était due pour une mise à jour. «Notre gros avantage, c’est qu’on a nous-mêmes construit le châssis de la moto en fonction de sa configurat­ion électrique, explique Félix-Antoine Lebel. Plusieurs autres université­s ont simplement modifié une moto traditionn­elle à essence, ce qui peut devenir handicapan­t», analyse-t-il, bien confiant qu’EMUS sera prête pour le prochain Varsity Challenge. La compétitio­n de véhicules électrique­s n’en est encore qu’à ses balbutieme­nts, mais le Québec peut se targuer d’avoir de très bonnes recrues dans ses rangs.

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