EMUS: une moto électrique de course faite au Québec
Chez nous, au Québec, des étudiants de l’Université de Sherbrooke ont conçu une moto de 214 chevaux capable d’atteindre 250 km/h. Ah oui, et elle est 100 % électrique!
Il y a six ans, un groupe d’universitaires en génie désirant repousser les limites de la technologie électrique s’est donné le défi de concevoir euxmêmes une moto de course ne consommant pas une goutte d’essence. Ainsi naissait le projet EMUS, pour Electric Motorcycle of Université de Sherbrooke. Depuis, près d’une centaine d’universitaires des programmes de génie électrique, informatique et mécanique ont mis la main à la pâte pour faire d’EMUS ce qu’elle est aujourd’hui. De passage au Salon de la moto de Montréal la semaine dernière, quelques-uns d’entre eux ont accepté de nous faire un petit tour du propriétaire.
OBJECTIF PERFORMANCE
Quand on parle de véhicules électriques, les premiers critères qui nous viennent en tête sont habituellement l’autonomie et le temps de recharge que nécessite la batterie. Avec EMUS, les étudiants de Sherbrooke ont une tout autre philosophie. «On veut construire la moto électrique la plus performante en Amérique du Nord», résume Félix-Antoine Lebel, l’un des instigateurs du projet. Le mot d’ordre est donc la performance. La moto, fabriquée à partir d’un châssis monocoque en aluminium, est propulsée par un système de batteries lithium-ion de 14,5 kWh. Avec une masse totale de 220 kilos, elle peut passer de 0 à 100 km/h en seulement trois secondes, gracieuseté de ses 214 chevaux et 280 livres-pied de couple.
Sur la piste, EMUS peut parcourir entre 35 et 45 kilomètres avant de manquer de jus et de nécessiter une recharge. Si elle était pilotée dans des conditions routières ordinaires, on estime que son autonomie pourrait dépasser les 100 kilomètres.
DE GRANDES AMBITIONS
Pour 2017, les participants au projet EMUS ont un objectif bien précis en tête: remporter le Varsity Challenge, une course de motos électriques réservée aux universitaires.
L’an dernier, EMUS a remporté les honneurs, mais la victoire a eu un petit goût amer pour les Sherbrookois. Plusieurs motos ont dû déclarer forfait en raison de problèmes techniques, pavant une voie trop facile vers la victoire pour EMUS.
Cet été, Sherbrooke espère une compétition plus solide, question de prouver au monde entier le savoir-faire québécois en matière de compétition électrique. Comme l’an dernier, c’est le pilote Samuel Proulx qui sera aux commandes. La course aura lieu en juillet prochain au New Jersey. Et d’ici là, le groupe travaillant sur EMUS entend tout faire pour que la moto soit prête pour le grand jour. D’ici là, les étudiants travailleront d’arrache-pied à régler tous les petits problèmes de la moto et à s’assurer d’une fiabilité sans faille. Ils réaliseront plusieurs tests sur le circuit du Mont-Tremblant. Depuis l’an dernier, le gros défi a été de concevoir une nouvelle batterie plus performante pour garder EMUS dans le coup. Les avancées technologies ont été grandes dans le monde des batteries dans les dernières années, et EMUS était due pour une mise à jour. «Notre gros avantage, c’est qu’on a nous-mêmes construit le châssis de la moto en fonction de sa configuration électrique, explique Félix-Antoine Lebel. Plusieurs autres universités ont simplement modifié une moto traditionnelle à essence, ce qui peut devenir handicapant», analyse-t-il, bien confiant qu’EMUS sera prête pour le prochain Varsity Challenge. La compétition de véhicules électriques n’en est encore qu’à ses balbutiements, mais le Québec peut se targuer d’avoir de très bonnes recrues dans ses rangs.